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Institut Pasteur d’Algérie : Journée d’étude sur les risques de zoonoses virales dont la rage

Edité par : Fairouz Kh | Journaliste
22 décembre 2022

L’Institut Pasteur d’Algérie a organisé, le 22 décembre 2022, une journée d’étude scientifique centrée sur le thème des maladies virales d’origine animale, en particulier la rage. Des intervenants de l’Institut Pasteur de Paris et de Tunis ont enrichi le programme scientifique en partageant leur savoir et leur expérience. Il s’agissait d’un focus sur la rage relatif à l’application des outils de diagnostic et de surveillance ainsi que la situation épidémiologique de la rage en Méditerranée et, enfin, l’intérêt pour une stratégie d’éradication intégrée de la rage.

Importance des zoonoses et focus sur la rage

Le directeur du Centre national de référence de la rage et responsable de l’unité de neuropathologie à l’Institut de Pasteur à Paris, Pr Hervé Bourhy, a déclaré : «Les maladies zoonotiques virales représentent une menace pour la santé publique où de nouveaux risques apparaissent de manière périodique et les mécanismes de leur émergence sont multiples.» Dans son intervention, il a exposé une analyse des enjeux de la lutte dans le monde contre la rage et les progrès en matière de contrôle.

Maladies zoonotiques virales émergentes en Algérie

Pour sa part, le Dr Aissam Hachid, responsable du laboratoire des arbovirus au département de virologie, Institut Pasteur d’Algérie, a déclaré que les zoonoses sont un problème de santé publique partout dans le monde, avec de grandes répercussions sur l’homme et l’animal. Elles sont à l’origine de la plupart des infections émergentes observées ces dernières années, dont les agents pathogènes viraux sont la cause la plus fréquente.

Les changements environnementaux dus à l’activité humaine, l’augmentation des mouvements internationaux et les adaptations microbiennes sont les principaux facteurs qui conduisent à l’émergence de maladies virales zoonotiques.

En Algérie, la rage est de loin la principale maladie zoonotique endémique. Les autres zoonoses en circulation sont dominées par les virus du Nil occidental et le virus de la Toscane. D’autres ont une forte probabilité d’émergence comme le virus de la fièvre de la vallée du Rift, le virus fièvre de Crimée-Congo, MERS-COV2, encéphalite à tiques et hantavirus.

 Au vu du peu de moyens préventifs et de l’absence de traitement spécifique, le contrôle des maladies virales zoonotiques émergentes passe nécessairement par la formation du personnel soignant et le renforcement des laboratoires et services cliniques.

Dans le même contexte, le Dr Amil Boughoufalah, responsable du contrôle des maladies transmissibles à l’Institut national de la santé publique, à Alger, a présenté la situation épidémiologique de la rage humaine en Algérie. Une moyenne de 15 décès par la rage est enregistrée et près de 150 000 personnes traitées.

L’analyse épidémiologique montre que toutes les régions du pays sont à risque, dont les plus touchées sont les steppes et les zones rurales. 201 cas de rage humaine ont été enregistrés en 13 ans, principalement dans les zones côtières et la région des Hauts Plateaux, dont 44,9% d’enfants de moins de 15 ans, de prédominance masculine. L’intervenante a indiqué que l’animal en question est domestique. Il s’agit dans 82,6% des cas principalement d’un chien, avec un 54,6% d’animaux non identifiés et 23,4% identifiés.

Moyens de diagnostic, de surveillance et de contrôle des zoonoses virales

Le Dr Laurent Dacheux, directeur-adjoint du Centre national de référence de la rage à l’Institut Pasteur de Paris, a montré dans sa communication que la rage reste le prototype d’une zoonosenégligée, notamment en Asie et en Afrique, et les résultats des études portant sur la circulation du virus pourront contribuer à atteindre l’objectif fixé par l’OMS, l’OMSA et la FAO pour éradiquer la rage d’ici 2030. Il a présenté aussi un état des lieux sur les méthodes de diagnostic disponibles pour la rage, ainsi que leurs limites.

Etat des lieux en Tunisie, présenté par l’Institut Pasteur de Tunis

Le Dr Mariem Handous et nombre d’intervenants scientifiques du laboratoire de la rage de l’Institut Pasteur de Tunis ont dressé l’état des lieux de la rage en Tunisie, dans une communication intitulée «Epidémiologie de la rage en Tunisie». Elle a montré l’évolution de la rage de 1983 à 2022, en décrivant les différentes situations épidémiologiques de la rage humaine et animale. Elle a insisté sur l’intérêt majeur de la vaccination de masse des chiens et de la durabilité de la surveillance de la maladie.

La mise en place d’une stratégie intégrative de coordination serait d’un intérêt majeur pour l’élimination de la rage dans la région du Maghreb et un atout devant tout plaidoyer auprès des décideurs de santé.

F.K