
Les métiers de terrain comme celui de chauffeur de taxi, d’ambulancier ou de livreur pourraient offrir un avantage inattendu pour prévenir les risques de décès liés à la maladie d’Alzheimer. Bien qu’être constamment sur les routes comporte des inconvénients, des recherches récentes suggèrent que ces professions pourraient avoir un effet bénéfique sur la mortalité liée à cette forme de démence.
La maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est un trouble neurodégénératif qui affecte principalement les personnes âgées, entraînant une perte progressive de la mémoire, des capacités cognitives et un déclin des fonctions comportementales. Elle est caractérisée par des plaques amyloïdes et des enchevêtrements de tau dans le cerveau, perturbant la communication entre les neurones. Les symptômes incluent la perte de mémoire, des difficultés de communication, des troubles du jugement, des changements d’humeur et de comportement, ainsi que la désorientation. Les facteurs de risque incluent l’âge avancé, des antécédents familiaux, des troubles cardiovasculaires et certains facteurs environnementaux. Bien qu’il n’existe pas de remède, certains traitements médicamenteux et des soins de soutien peuvent ralentir la progression. De plus, des pratiques préventives comme l’exercice physique, une alimentation saine, et la stimulation cognitive peuvent réduire les risques de développement de la maladie.
Moins de risques de mourir de la maladie d’Alzheimer.
Une étude parue dans le ‘’British Medical Journal’’ révèle que les professions impliquant un travail cognitif, comme la navigation ou le traitement de données spatiales, seraient associées à un risque de mortalité réduit en cas de maladie d’Alzheimer. Autrement dit, ces métiers ne protégeraient pas nécessairement contre l’apparition de la maladie, mais pourraient diminuer les risques de décès qui en découlent.
Il est important de noter que bien que l’on ne meure pas directement de la maladie d’Alzheimer, les complications liées à celle-ci, comme les chutes, la dénutrition, ou la pneumonie d’aspiration, sont des causes fréquentes de décès.
L’étude : 443 professions analysées
Les chercheurs du Massachusetts General Brigham ont examiné les données concernant les professions de personnes décédées entre janvier 2020 et décembre 2022 pour analyser le risque de décès lié à la maladie d’Alzheimer. Au total, 443 professions ont été passées au crible.
Les résultats ont montré que les chauffeurs de taxi et les ambulanciers présentaient un taux de mortalité inférieur à celui d’autres professions en lien avec la maladie d’Alzheimer. Sur près de 9 millions de personnes incluses dans l’étude, 3,88 % sont mortes de la maladie d’Alzheimer. Cependant, parmi les chauffeurs de taxi, seulement 1,03 % en sont décédés, et parmi les ambulanciers, le taux était de 0,74 %.
Une tendance non observée dans d’autres métiers du transport
Les chercheurs ont noté que cette tendance ne s’observait pas dans d’autres métiers du transport, comme les conducteurs de bus ou les pilotes d’avion. Ces professions, qui suivent des itinéraires fixes, ne sollicitent pas autant de traitements cognitifs spatiaux que les chauffeurs de taxi ou les ambulanciers qui doivent naviguer en temps réel.
Il est également important de préciser que cette étude ne montre pas de tendance similaire pour d’autres types de démence, tels que la maladie de Parkinson ou la démence à corps de Lewy. L’analyse a pris en compte divers facteurs de biais tels que le niveau d’éducation, l’origine ethnique, le sexe et l’âge des participants.
Des hypothèses, mais pas de certitude
Les chercheurs avancent que la partie du cerveau impliquée dans la navigation spatiale pourrait jouer un rôle dans la prévention des effets de la maladie d’Alzheimer. Dr Vishal Patel, auteur principal de l’étude, a souligné que l’hippocampe, une région du cerveau impliquée dans la mémoire spatiale, est également affectée dans le développement de la maladie d’Alzheimer. Toutefois, il reste prudent, précisant que cette étude étant observationnelle, il ne s’agit pas d’un lien de cause à effet.
Des perspectives intéressantes pour la prévention
Dr Anupam B. Jena, coauteur de l’étude, a évoqué la possibilité que des changements neurologiques dans des régions spécifiques du cerveau, comme l’hippocampe, puissent expliquer la réduction du risque de décès observé chez les chauffeurs de taxi et les ambulanciers.
Bien que cette recherche ne permette pas encore de conclure définitivement, elle suggère que des activités cognitives liées à la navigation, comme celles pratiquées par les chauffeurs de taxi, pourraient potentiellement avoir un effet préventif sur les risques liés à la maladie d’Alzheimer.
Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles réflexions sur les facteurs cognitifs qui peuvent influencer la santé neurologique et suggèrent que certaines professions pourraient offrir des bénéfices insoupçonnés en matière de prévention de la maladie d’Alzheimer.
Mots clés : taxi ; chauffeur ; Alzheimer ; transport ; cognitif ; neurologique ; cerveau ;