Entretien
Dr Fatah Terbouk , pédiatre de Boumerdes, à ‘‘Ma Santé Ma vie ‘’
Le Dr Fatah Terbouk, nutritionniste en pédiatrie à Boumerdès, a été invité au niveau du stand de « Danone Djurdjura », à l’occasion de la tenue du Salon International de la Pharmacie, qui s’est déroulé du 23 au 26 février 2022 au Palais des Expositions (Safex). A cet effet, il a présenté une communication intitulée « les risques d’une alimentation non adapté, le cas d’un déficit en fer », axée sur l’importance d’une nutrition adaptée aux enfants en bas âge.
Il expliquera, en ce sens, que les bonnes pratiques à adopter pendant « les 1000 premiers jours de la vie de l’enfant », sont extrêmement importantes à respecter durant la période allant de la naissance de l’enfant jusqu’à sa deuxième année, et ce, comme recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ecoutons le spécialiste :
Ma Santé Ma vie : la nutrition chez l’enfant commence déjà avec l’allaitement maternel, pourriez-vous, docteur, nous en dire plus ?
Docteur Fatah Terbouk : la nutrition commence, plus tôt, même avant la conception de l’enfant. Depuis environ une quinzaine d’années, nous parlons d’une période très importante qui est : « les mille premiers jours de la vie de l’enfant », C’est-à-dire de la fécondation jusqu’à la 2ème année de la vie de l’enfant.
Cette approche scientifique, s’interroge sur les causes de certaines pathologies, dues à une alimentation non adaptée, tels que les cancers, les maladies cardiovasculaires, etc. Il a été observé que, la période qui va de l’étape de la fécondation à celle de la naissance, la santé du bébé dépend essentiellement de l’alimentation de la maman : a- t-elle reçu une nourriture équilibrée et saine avec tous des oligo-éléments, de l’acide folique, du fer, etc.
Ensuite, après la naissance, l’allaitement maternel est le meilleur et restera la nutrition complète adaptée pour le nourrisson. Mais que sera le régime alimentaire après les 6 mois ? Il est important de noter, que l’enfant ne grandira jamais aussi bien que pendant les mille premiers jours de sa vie, c’est lors de cette phase que la croissance est accélérée. En effet, l’enfant ne va jamais gagner le même poids par la suite à la même vitesse. A la naissance, il pèsera 3, 5 kg en moyenne et atteindra 12 kg environ à l’âge de 12 mois et son cerveau va se développer lors de sa première année beaucoup plus que dans les années à venir.
Qu’en est-il du régime alimentaire de la femme avant la grossesse ?
A titre d’exemple, les fœtus peuvent développer des malformations neurologiques. Ces malformations peuvent être largement évitées, et ce, en prescrivant aux femmes de l’acide folique avant même que celles-ci ne soient enceintes. En Algérie, où on a prescrit aux futures mamans, une année avant le mariage, de l’acide folique, les enfants naissent avec moins de malformations neurologiques, tel que le Spina Bifida.
Qu’elle est l’importance du lait maternel dans la protection contre les maladies ?
Le lait maternel est le gold standard nutritif pendant les premiers mois de la vie. Aussi, il ne faut surtout pas donner au nouveau-né d’autres laits comme le lait de vache, de brebis, de chèvre ou encore de chamelle ; car contrairement à celui de la maman, ils sont tous pauvres en fer, en acide folique, en protéine et trop riche en sodium et graisses ….. Au demeurant, si la maman a une insuffisance en lait maternel, il existe des laits spéciaux infantiles qui, sans être la panacée, reproduisent globalement les caractéristiques du lait maternel.
La carence en fer, est-elle fréquente chez l’enfant ? Et quelles sont ses conséquences ?
La carence en fer est un fléau mondial, notre pays n’en fait pas exception puisque environ 40% de nos enfants sont carencés en fer. D’ailleurs, l’OMS a classé la carence en fer à la 9ème position parmi les maladies qui menacent l’humanité.
Si on ne prévient pas une carence en fer par une nutrition adaptée ou la supplémenter par des médicaments, l’enfant fera une anémie. Il faut savoir qu’un développement neurologique harmonieux dépend du fer que la maman aura consommé à travers son alimentation, avant même la conception. D’ailleurs, nous savons maintenant que l’une des causes de l’autisme est due à une carence en fer chez la future maman, tout comme le syndrome de l’hyperactivité, ou des angines à répétitions, voire les bronchites et des infections. Les enfants carencés en fer sont même susceptibles de faire des accidents vasculaires cérébraux (AVC).
En outre, il est à noter que, récemment, des études américaines sur le sujet ont corroboré cette approche, car 70% des enfants n’ayant pas obtenu des bonnes notes en mathématiques sont carencés en fer.
Toujours est-il que le fer est un grand défi mondial et comme le corps humain ne peut pas le fabriquer, il doit impérativement être fourni à par le biais d’une bonne alimentation.
Est-ce que le fer est bien absorbé par l’organisme ?
Justement non, il faut clarifier les choses : le problème majeur du fer c’est qu’il n’est pas absorbé facilement par l’organisme et fini par être rejeté dans les selles, c’est ce qu’on appelle la biodisponibilité (taux d’assimilation des vitamines ou médicament par le corps). Cette assimilation des vitamines et des oligo-éléments est nettement meilleure quand ils proviennent du lait maternel, la viande et les œufs, etc. C’est-à-dire, le fer que contient le lait maternel est mieux absorbé que celui provenant des autres aliments comme le lait de vache, la viande rouge ou les œufs
O.A A.