Une étude dévoile les signatures cérébrales associées aux troubles du sommeil
L’insomnie n’est pas qu’un simple trouble du sommeil. C’est un déséquilibre complexe, à la croisée du cerveau, des émotions et du mode de vie. Une étude menée par des chercheurs canadiens, publiée dans la revue PLOS Biology le 7 octobre 2025, vient d’identifier cinq profils distincts de dormeurs particulièrement vulnérables à ce trouble. Leur objectif : repérer des signatures neuronales spécifiques pour mieux comprendre pourquoi certains cerveaux résistent au manque de sommeil tandis que d’autres s’effondrent.
Une étude pionnière sur les « signatures cérébrales du sommeil »
L’équipe de recherche a analysé 770 jeunes adultes, âgés de 22 à 36 ans, pour étudier les multiples dimensions du sommeil à travers une approche dite biopsychosociale — mêlant biologie, psychologie et environnement social.
Les chercheurs distinguent clairement quantité et qualité de sommeil : « Une courte durée de sommeil n’est pas nécessairement synonyme de mauvaise qualité », rappellent-ils.
Autrement dit, dormir peu ne veut pas dire mal dormir… à condition que le sommeil soit profond, régulier et réparateur.
L’analyse fine de l’activité cérébrale des participants a permis d’identifier cinq schémas de connectivité neuronale distincts, correspondant chacun à un profil de dormeur spécifique, plus ou moins exposé à l’insomnie.
Profil 1 : le ‘’mauvais dormeur global »
Ce premier profil concentre tous les marqueurs classiques du mauvais sommeil :
- Endormissement difficile,
- Sommeil fragmenté,
- Somnolence diurne,
- Insatisfaction générale au réveil.
Sur le plan psychologique, ces individus présentent un risque accru de dépression, d’anxiété et de stress chronique. Leur cerveau montre une activité désorganisée dans les zones impliquées dans la régulation émotionnelle.
Ils sont donc les plus exposés à l’insomnie chronique et à ses conséquences : irritabilité, perte de concentration et fatigue persistante.
Profil 2 : le dormeur ‘’résilient mais hyperactif mentalement’’
Le second profil se distingue par une forte activité cognitive et émotionnelle, souvent observée chez les personnes atteintes de TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité).
Ces dormeurs sont anxieux, impulsifs, souvent en mouvement mentalement, mais leur sommeil résiste étonnamment bien.
Ils ne souffrent pas de troubles nocturnes majeurs : leur cerveau semble capable de compenser les perturbations, preuve d’une résilience neurobiologique.
Profil 3 : ‘’le dormeur sous somnifères’’
Ce groupe se caractérise par l’usage fréquent de médicaments pour dormir. S’ils ne présentent pas de somnolence diurne marquée, leurs performances cognitives, en revanche, sont diminuées :
- mémoire visuelle altérée,
- difficulté à reconnaître les émotions d’autrui
- et baisse de l’empathie émotionnelle.
Ces effets sont probablement liés à la modification chimique du sommeil induite par les somnifères, qui réduisent les phases de sommeil paradoxal, essentielles à la consolidation de la mémoire et de l’équilibre émotionnel.
Profil 4 : ‘’le dormeur trop court’’
Ces personnes dorment entre 6 et 7 heures par nuit, souvent par contrainte professionnelle ou sociale.
Leur manque de sommeil se traduit par :
- une baisse de la précision dans les tâches cognitives,
- un temps de réaction plus lent,
- une irritabilité accrue,
- et parfois des comportements plus agressifs.
Le manque chronique de sommeil provoque un déséquilibre neurochimique dans les zones du cortex préfrontal, impliqué dans la prise de décision et la régulation émotionnelle.
Profil 5 : ‘’le dormeur vulnérable et anxieux’’
Le dernier profil cumule vulnérabilité émotionnelle et fragilité cognitive. Ces dormeurs présentent un risque élevé d’anxiété, de pensées envahissantes et de comportements addictifs (alcool, tabac, substances).
Leur cerveau montre des altérations dans les circuits de la récompense et du contrôle des impulsions, ce qui les rend plus sensibles au stress et moins capables de récupérer après une nuit difficile.
Recommandations médicales : mieux dormir, c’est possible
Selon les chercheurs, comprendre son profil de dormeur permet d’adapter sa stratégie de sommeil.
Voici quelques recommandations validées par les spécialistes du sommeil :
- Heures fixes : se coucher et se lever à heures régulières pour renforcer l’horloge biologique.
- Lumière naturelle : s’exposer au soleil le matin pour stimuler la sécrétion de cortisol et réguler la mélatonine.
- Écrans : éviter la lumière bleue une heure avant le coucher.
- Alimentation : dîner léger, éviter caféine, alcool et repas tardifs.
- Sommeil naturel : limiter l’usage prolongé de somnifères, qui modifient la structure du sommeil.
- Activité physique douce : la marche, le yoga ou la natation favorisent un endormissement plus naturel.
- Relaxation : respiration lente, méditation ou cohérence cardiaque pour apaiser l’esprit avant le sommeil.
Cette étude confirme que l’insomnie n’a pas une seule cause, mais plusieurs visages. Notre cerveau, nos émotions et notre hygiène de vie façonnent notre sommeil bien plus qu’on ne le pense. Identifier son profil, c’est la première étape vers un sommeil réparateur et durable. Et si, avant de chercher le sommeil, on apprenait simplement à mieux écouter son cerveau ?
Mots clés : cerveau ; dormir ; insomnie ; hygiène ; santé ;
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