L’obésité sévère touche un nombre croissant de patients et constitue aujourd’hui l’un des principaux facteurs de réduction de l’espérance de vie. Elle favorise l’apparition de diabète de type 2, d’hypertension artérielle, de maladies cardiovasculaires et de certains cancers. Lorsque la prise en charge classique – rééquilibrage alimentaire, activité physique, thérapies comportementales et traitements médicamenteux – échoue, la chirurgie bariatrique devient la solution la plus efficace.
Un enjeu majeur de santé publique
Chaque année, des milliers d’interventions sont réalisées partout dans le monde. Le Bypass gastrique en Y est l’opération de référence. Mais une étude récente menée par le Pr Maud Robert (Centre intégré de l’obésité des Hospices civils de Lyon) et publiée dans The Lancet met en lumière une alternative plus efficace : le SADI-S.
Qu’est-ce que le SADI-S ?

Le SADI-S (Single Anastomosis Duodeno-Ileal Bypass with Sleeve) combine deuxtechniques :
- Une sleeve gastrectomie : on retire une grande partie de l’estomac, réduisant sa capacité à environ 150 ml. Cela limite la quantité d’aliments ingérés et diminue la production de ghréline, l’’’hormone de la faim’’.
- Un court-circuit intestinal unique : une partie du duodénum est reliée directement à l’iléon, court-circuitant une large portion de l’intestin grêle. Cela réduit l’absorption des calories, mais aussi du glucose et des graisses.
Ce double mécanisme agit à la fois sur la restriction alimentaire et la malabsorption, renforçant la perte de poids et améliorant le contrôle métabolique.
Une efficacité supérieure au Bypass
Selon l’étude française, le SADI-S permet une perte de poids plus importante et plus durable que le Bypass gastrique en Y.
Chez les patients atteints de diabète de type 2, la différence est encore plus marquée. Là où le Bypass améliore déjà la sensibilité à l’insuline et permet parfois une rémission partielle du diabète, le SADI-S obtient de meilleurs résultats en termes de contrôle glycémique et de réduction des besoins en traitements.
Ces effets s’expliquent par :
- une diminution rapide de la résistance à l’insuline,
- une sécrétion accrue d’hormones intestinales (GLP-1, PYY), qui améliorent la satiété et la régulation du sucre,
- et une perte de poids plus massive, qui reste le facteur clé dans la gestion de l’obésité sévère.
Les risques et les limites

Cette efficacité a un prix. Le SADI-S entraîne une malabsorption plus marquée que le Bypass. Résultat :
- un risque plus élevé de carences nutritionnelles (vitamines A, D, E, K, B12, fer, calcium, zinc, protéines),
- un besoin impératif de supplémentation à vie,
- un suivi médical strict et régulier, sans quoi les complications peuvent être graves (dénutrition, ostéoporose, anémie sévère).
Le Bypass, lui aussi, comporte des risques de carences, mais à un degré moindre.
Tableau comparatif : SADI-S vs Bypass gastrique en Y
Critère | Bypass gastrique (en Y) | SADI-S |
Principe | Petite poche gastrique reliée à l’intestin grêle (court-circuit en Y) | Sleeve gastrectomie + anastomose duodéno-iléale (court-circuit unique) |
Mécanismes | Restriction alimentaire + malabsorption modérée | Restriction + malabsorption marquée |
Perte de poids | Importante mais peut diminuer après 5-10 ans | Plus importante et durable |
Efficacité sur le diabète de type 2 | Très bonne (souvent rémission) | Supérieure (taux de rémission plus élevés) |
Risques nutritionnels | Carences modérées (vitamines, fer, B12) | Carences plus sévères (vitamines liposolubles, protéines, calcium, fer…) |
Suivi médical | À vie, avec supplémentation | À vie, supplémentation plus stricte et régulière |
Complexité technique | Maîtrisée, largement pratiquée | Plus récente, expertise chirurgicale nécessaire |
Statut | Référence actuelle | Encore en évaluation, non généralisée |
Vers une nouvelle référence ?
Le SADI-S apparaît comme une alternative prometteuse, notamment pour les patients souffrant d’obésité sévère et de diabète de type 2. Mais cette technique, encore récente en France, nécessite des études supplémentaires sur le long terme pour confirmer sa sécurité, évaluer la qualité de vie des patients et valider son utilisation à grande échelle.
En attendant, le Bypass reste l’opération de référence, mais le SADI-S pourrait bien devenir la nouvelle norme dans les années à venir.
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