
Sur TikTok, une nouvelle vague de vidéos attire des millions de vues : le PumpTok. Des mères y partagent leurs séances de tirage de lait maternel, souvent en gros plans sonores proches de l’ASMR. Certaines, comme Breanna Seibel (249 000 abonnés), filment chaque étape : extraction, mesure précise en millilitres, puis transvasement dans des biberons.
Une tendance TikTok qui fascine et inquiète
Derrière l’esthétique et la fierté affichée, des professionnels de santé s’interrogent : cette surproduction est-elle réellement bénéfique pour les jeunes mamans ?
Des volumes bien supérieurs aux besoins d’un nourrisson
Sur PumpTok, atteindre 350 ml, 750 ml, voire 1,5 litre en une seule séance semble fréquent.
Or, les besoins physiologiques d’un bébé sont bien moindres :
- Premiers jours : 10–30 ml par tétée
- Premières semaines : 30–80 ml
- De 1 à 6 mois : rarement plus de 110 ml
Des pédiatres rappellent que ces quantités virales sont des cas isolés.
En moyenne, une mère tire 60 à 85 ml par séance, et sur 24 heures 700 à 900 ml au total.
« Ces chiffres démesurés créent une pression inutile. Les mères ne devraient pas mesurer leur compétence parentale à la quantité extraite. », rappellent-ils.
Risques physiologiques d’une surproduction lactée
Une lactation excessive peut entraîner :
1. Engorgement mammaire → gonflement douloureux, tension et rougeur.
2. Mastite → inflammation infectieuse causée par l’accumulation de lait.
3. Canaux lactifères bouchés → douleur, nodules et diminution locale du flux.
4. Réflexe d’éjection fort → jet de lait trop puissant, gênant la tétée.
5. Déséquilibre nutritionnel → surproduction de lait riche en lactose (“lait de début”) au détriment du lait gras (“lait de fin”), pouvant provoquer coliques et selles liquides chez le bébé.
6. Stress hormonal → stimulation excessive de la prolactine et perturbation du rythme circadien.
Les experts recommandent d’ajuster la fréquence des tirages et de privilégier un suivi par une consultante en lactation en cas de production anormalement élevée.
Pression psychologique et comparaisons toxiques
Bien que les créatrices affirment ne pas vouloir créer de compétition, la comparaison est omniprésente.
Dans les commentaires :
« Tout ça ? Moi, c’est 50 ml par séance… »
« J’obtiens cette quantité en une semaine. »
Pour des consultants en lactation, cette exposition constante génère frustration et sentiment d’échec.
Ils soulignent que la surproduction est l’exception, non la norme.
Volumes réels vs. volumes affichés sur PumpTok
Âge du bébé | Besoins réels (ml/tétée) | Moyenne médicale (ml/séance) | PumpTok (ml/séance) |
0–3 jours | 10–30 | 60–85 | 350–750+ |
1–3 semaines | 30–80 | 60–85 | 500–1 500 |
1–6 mois | 80–110 | 60–85 | 750–1 500 |
Chaque corps a son rythme
La production lactée varie selon :
- La fréquence et l’efficacité de la stimulation
- Les hormones
- L’hydratation et l’alimentation
- L’état de santé et l’historique obstétrical
Il est impossible de “forcer” durablement une surproduction sans effets indésirables.
Message des experts
- Couvrir les besoins du bébé est la seule mesure pertinente.
- Les différences entre mères sont physiologiquement normales.
- Les réseaux sociaux ne remplacent jamais un suivi médical personnalisé.
À retenir : La lactation est un processus unique à chaque femme.
Sur TikTok comme ailleurs, la quantité ne reflète pas la qualité.
Mots clés : lait ; lactation ; bébé ; maman ; réseau sociaux ;
à lire aussi: