
Depuis quelques semaines, des vidéos virales sur les réseaux sociaux, suscitent l’inquiétude des professionnels de santé. Des utilisateurs, souvent jeunes, affichent fièrement leurs ‘’sun tattoos’’, ‘’burn-lines’’ ou encore ‘’tan-lines’’, des marques laissées volontairement par le soleil sur leur peau. Ces dessins sont créés en s’exposant aux rayons UV avec des parties de peau recouvertes de crème solaire ou masquées par des pochoirs, laissant apparaître un motif une fois la peau brûlée autour.
Des défis viraux au goût amer
Ces tendances, bien qu’esthétiques pour certains, traduisent en réalité une brûlure cutanée. Le fait de s’exposer volontairement au soleil sans protection ou avec des huiles qui accélèrent le bronzage augmente considérablement les risques pour la santé.
Rayons UV : une menace invisible
Les ultraviolets (UV) du soleil se divisent en trois catégories :
- UV-A, responsables du vieillissement cutané prématuré et de certaines formes de cancer ;
- UV-B, plus énergétiques, directement responsables des coups de soleil, brûlures et mutations de l’ADN ;
- UV-C, très dangereux mais heureusement filtrés par la couche d’ozone.
L’exposition non protégée à ces rayons entraîne la formation de radicaux libres, des molécules instables qui détériorent les cellules et l’ADN.
Résultat : accélération du vieillissement cutané (rides, taches pigmentaires, perte d’élasticité), altération du système immunitaire local et surtout, augmentation du risque de cancer de la peau, notamment le mélanome, la forme la plus grave.
Une prise de conscience politique
Alerté par l’ampleur du phénomène, plusieurs spécialistes tirent la sonnette d’alarme :
« Votre peau, c’est votre vie. Vous n’en avez qu’une. Ne la sacrifiez pas pour 30 secondes de buzz. »
Un message clair face à une banalisation préoccupante du danger solaire.
Une peau bronzée n’est pas une peau en bonne santé

Contrairement à une idée largement répandue, le bronzage est une réaction de défense. Lorsqu’elle est exposée aux UV, la peau produit de la mélanine pour tenter de protéger les cellules profondes contre les mutations génétiques. Autrement dit, le bronzage est le signe que l’ADN cutané a été endommagé.
Les spécialistes sont formels : « Il n’existe pas de bronzage sain. » Même sans coup de soleil visible, chaque exposition excessive s’accumule et augmente le risque de développer un cancer plus tard.
Des chiffres qui font froid dans le dos
Selon l’Agence internationale de recherche sur le cancer (IARC, agence de l’OMS), plus de 1,5 million de nouveaux cas de cancers cutanés ont été diagnostiqués dans le monde en 2022, incluant environ 330 000 mélanomes. Près de 60 000 décès ont été attribués à ces cancers la même année
Le cancer de la peau représente à présent le cancer le plus fréquent à l’échelle mondiale, constituant environ 40 % de tous les cas
Répartition par type de cancer
Les carcinomes basocellulaires et spinocellulaires (BCC et SCC), souvent liés à une exposition prolongée au soleil, représentent environ 90 % des cancers cutanés, mais seulement 4 % des décès par cancer de la peau
Le mélanome, bien que moins fréquent (~4 % des cas), cause 80 % des décès liés aux cancers de la peau en raison de son potentiel métastatique élevé (OMS)
Incidence et mortalité
- En 2022 : 331 722 nouveaux mélanomes (tous sexes confondus) dans la base GLOBOCAN, soit un taux standardisé de 3,2 pour 100 000 personnes
- Parmi les pays les plus touchés, on trouve les États-Unis (101 000 cas, ASR ~16,5/100 000), l’Allemagne, le Royaume‑Uni et l’Australie, cette dernière présentant le taux le plus élevé (ASR ~37/100 000)
- En 2022, 58 667 décès par cancer de la peau (tous types confondus) ont été enregistrés dans le monde, soit un taux standardisé de 0,53/100 000
Exposition solaire et métiers à risque
Un tiers des décès dus aux carcinomes non-mélanomes est attribué à l’exposition professionnelle non protégée au soleil, selon l’OMS et l’OIT. En 2019, près de 19 000 décès dans 183 pays ont ainsi été liés à un travail extérieur sans protection adéquate.
Analyse médicale et prévention
Exposition aux UV naturels ou artificiels (bronzage, cabines UV) est le facteur majeur de risque. Même une seule brûlure au soleil dans l’enfance peut multiplier par trois le risque de mélanome à l’âge adulte.
Des facteurs non solaires comme l’immunosuppression, les antécédents familiaux, l’inflammation chronique, les blessures ou certaines infections virales (HPV) augmentent également le risque de cancer cutané, y compris dans des zones peu exposées (ongles, génital, muqueuses).
Les expositions répétées pendant l’enfance et l’adolescence sont particulièrement dangereuses : la peau y est plus fine, plus fragile, et moins capable de réparer les dommages cellulaires.
Repérer les signes avant-coureurs
La surveillance des grains de beauté est un outil essentiel pour détecter un mélanome précoce. Deux méthodes sont recommandées :
- La règle ABCDE : A pour Asymétrie, B pour Bords irréguliers, C pour Couleur inhomogène, D pour Diamètre supérieur à 6 mm, E pour Évolution rapide.
- La règle du “vilain petit canard” : tout grain de beauté différent des autres par sa forme, sa couleur ou son comportement doit alerter.
Une consultation dermatologique annuelle est recommandée pour les personnes à risque ou après une exposition excessive.
Préserver sa peau, c’est préserver sa vie
Alors que les réseaux sociaux influencent les comportements, surtout chez les jeunes, il est crucial de rappeler que la peau n’oublie jamais. Une brûlure aujourd’hui peut être un cancer dans dix, vingt ou trente ans.
Le buzz passe, mais les lésions restent.
- Protéger sa peau avec un écran solaire adapté,
- Utiliser quotidiennement une crème solaire à large spectre SPF 50+, renouvelée toutes les deux heures, même par temps couvert ou en voiture
- Limiter l’exposition au soleil aux heures de forte activité UV, rechercher l’ombre et éviter les cabines de bronzage.
- éviter les expositions aux heures les plus intenses (12h-16h),
- porter des vêtements couvrants, chapeau à large bord, lunettes filtrant les UV
- Auto‑examen mensuel de la peau complet (y compris cuir chevelu, paumes, plantes, zone génitale et sous les ongles) pour repérer des signes ABCDE : Asymétrie, Bord irrégulier, Couleur non uniforme, Diamètre supérieur à 6 mm, Évolution du grain de beauté.
- Visite annuelle chez un dermatologue, surtout en cas d’histoire personnelle ou familiale.
Fuir les modes dangereuses, c’est investir dans sa santé à long terme.
Mots clés : UV ; soleil ; bronzage ; peau ; santé ; dermatologue ; cancer ;
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