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Tabagisme chez les jeunes : l’ANSS lance l’alerte et appelle à une mobilisation nationale…

Edité par : Chabane BOUARISSA | Journaliste
9 juillet 2025

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS) a organisé, mardi à Alger, une journée scientifique dédiée au tabagisme chez les jeunes. L’événement, tenu en collaboration avec les ministères de la Santé et de la Jeunesse, vise à sensibiliser et à impliquer activement les jeunes dans la lutte contre ce fléau grandissant.

Dans son allocution, le président de l’ANSS, le Pr Kamel Sanhadji, a exprimé son inquiétude face à la montée du tabagisme chez les adolescents et les jeunes adultes. Il a qualifié cette évolution de problème à la fois sanitaire et social préoccupant, soulignant que la cigarette classique comme électronique gagne du terrain dans les milieux juvéniles.

Selon les données les plus récentes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 8,7 millions de décès sont enregistrés chaque année dans le monde à cause de la consommation de tabac et de ses dérivés.

Pour comprendre les ressorts de cette addiction, l’ANSS a mené une enquête nationale auprès de plus de 2 000 jeunes. L’étude révèle que les nouvelles formes de marketing digital, notamment sur les réseaux sociaux, jouent un rôle central dans la banalisation de la cigarette électronique.

Le Pr Sanhadji a dénoncé ces stratégies commerciales agressives qui ciblent délibérément les adolescents à travers des campagnes en ligne attractives, souvent déguisées en contenus ludiques ou éducatifs.

Face à cette menace, le président de l’ANSS a appelé à la mise en œuvre d’une stratégie nationale intégrée, impliquant l’école, l’université, les médias, la société civile et les institutions publiques. Il recommande notamment :

  • L’intégration de l’éducation sanitaire dès l’école primaire,
  • Des campagnes de prévention ciblées sur les réseaux sociaux,
  • Le développement de programmes culturels, sportifs et citoyens pour offrir des alternatives positives,
  • Le renforcement de la recherche scientifique nationale sur les causes psychologiques et sociales du tabagisme chez les jeunes.

Le représentant du ministère de la Santé, M. Youcef Terfani, a réaffirmé l’engagement de son secteur dans la lutte contre le tabagisme, en mettant en avant le renforcement des mesures de contrôle, et la révision des avertissements sanitaires figurant sur les paquets de cigarettes et autres produits dérivés du tabac.

De son côté, M. Farid Bouzid, représentant du ministère de la Jeunesse, a évoqué la création d’espaces d’écoute et d’accueil dans les 58 wilayas. Des cellules spécialisées en santé juvénile y sont déployées pour mener des actions de proximité, avec l’appui de professionnels formés à la prévention et à la sensibilisation.

Dr Souad BRAHIMI, rappelle de son coté, que le tabagisme chez les adolescents constitue un danger majeur pour la santé publique, car il touche un organisme encore en développement. Contrairement aux idées reçues, les effets du tabac ne se manifestent pas uniquement à long terme. Dès les premières années de consommation, des dommages irréversibles peuvent survenir.

  • Dépendance précoce : la nicotine agit rapidement sur le cerveau des jeunes, en particulier entre 12 et 25 ans, période où les zones de régulation émotionnelle et de contrôle des impulsions sont encore immatures. Cette vulnérabilité cérébrale favorise une dépendance plus rapide et plus forte que chez les adultes.
  • Réduction de la capacité pulmonaire : même une consommation modérée peut entraîner une altération du développement pulmonaire, des bronchites chroniques et une baisse des performances sportives.
  •  Troubles de l’attention et de la mémoire : la nicotine perturbe les fonctions cognitives, altérant la concentration et les capacités d’apprentissage.
  •  Risques accrus de troubles de l’humeur : anxiété, irritabilité, troubles du sommeil et symptômes dépressifs sont fréquents chez les jeunes fumeurs.
  • Cancers : le tabac est à l’origine de 17 types de cancers, dont ceux des poumons, de la gorge, de la bouche, de la vessie et du pancréas. L’exposition prolongée dès l’adolescence augmente le risque de développer un cancer à un âge plus jeune.
  • Maladies cardiovasculaires : les jeunes fumeurs présentent un risque plus élevé de développer une hypertension artérielle, des troubles du rythme cardiaque et, plus tard, des infarctus.
  •  Infertilité et troubles hormonaux : chez les garçons comme chez les filles, le tabac affecte la production hormonale, la fertilité et le développement sexuel.

L’essor fulgurant des cigarettes électroniques n’est pas dû au hasard. Il repose sur des stratégies marketing sophistiquées, spécifiquement conçues pour séduire les jeunes.

Les dispositifs sont proposés sous des formes colorées, légères, souvent inspirées de gadgets électroniques (stylos, clés USB). Les arômes disponibles – bubble gum, bonbon cola, fraise-vanille, mojito, marshmallow – sont volontairement choisis pour masquer le goût du tabac et rendre le produit plus attractif, notamment chez les mineurs.

Les marques investissent massivement les plateformes comme TikTok, Instagram ou YouTube, en utilisant des influenceurs jeunes et populaires pour diffuser des messages indirects et séduisants. On y associe la vape à :

  • La liberté et la rébellion,
  • Le style et la popularité,
  • Le bien-être, avec des messages trompeurs sur une prétendue absence de danger.

Contrairement à leur prétendue utilité de sevrage, les études montrent que la cigarette électronique est souvent un précurseur de l’entrée dans le tabagisme classique. Les adolescents qui commencent par le vapotage ont trois fois plus de risques de devenir fumeurs réguliers de cigarettes à l’âge adulte.

Pour faire face à ces enjeux, les experts appellent à :

  • Renforcer la réglementation sur la vente et la publicité des produits de vapotage,
  • Surveiller les contenus en ligne promouvant la cigarette électronique,
  • Inclure l’éducation au tabac et à la vape dans les programmes scolaires, dès le collège,
  • Former les professionnels de santé, les éducateurs et les parents à repérer les premiers signes de consommation.

Enfin, favoriser des alternatives positives, comme les sports, les activités artistiques ou les engagements citoyens, demeure un levier puissant pour détourner les jeunes des dépendances.

Tous les intervenants ont insisté sur l’importance d’une approche préventive, participative et adaptée au langage des jeunes. À travers une mobilisation coordonnée, il est possible de freiner l’essor du tabagisme chez les adolescents, et de protéger durablement la santé des générations futures.

Mots clés : Tabac ; jeunes ; santé ; publique ; maladies ; éducation ; ANSS ;

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