La pénurie de lait infantile dans la bande de Gaza constitue une menace immédiate pour la survie des nourrissons, en particulier les nouveau-nés et les prématurés. Selon The Guardian, des centaines de bébés risquent de mourir dans les jours à venir, en raison de l’épuisement des stocks et de l’impossibilité d’introduire du lait thérapeutique ou infantile spécialisé sur le territoire assiégé.
Privation nutritionnelle : une atteinte directe à la survie néonatale
Dr Ahmad al-Farra, chef du service de pédiatrie à l’hôpital Nasser de Khan Younis, rapporte que les réserves de lait infantile sont insuffisantes pour couvrir une semaine, et que les formules destinées aux prématurés sont épuisées. Des substitutions avec des laits standards sont pratiquées en dernier recours, mais elles ne répondent pas aux besoins métaboliques spécifiques des nouveau-nés en détresse.
Physiopathologie de la malnutrition néonatale
Chez le nourrisson, notamment dans les six premiers mois de vie, l’allaitement ou le lait infantile est l’unique source de macronutriments, micronutriments et immunoglobulines. L’absence de lait entraîne rapidement :
- un déficit calorique aigu ;
- une déshydratation sévère ;
- des déséquilibres hydroélectrolytiques ;
- un affaiblissement immunitaire, exposant à des infections létales.
Chez les prématurés ou les enfants à faible poids de naissance, le risque de syndrome de malnutrition aiguë sévère (kwashiorkor ou marasme) est multiplié, avec une évolution possible vers le choc septique, l’insuffisance hépatique, ou la défaillance multiviscérale.
Incapacité à allaiter : le cercle vicieux de la famine
Les mères elles-mêmes gravement malnutries sont dans l’incapacité d’assurer l’allaitement. L’hypocalorie chronique entraîne une hypogalactie, voire une aménorrhée hypothalamique, interrompant la lactation. Ceci accentue la dépendance au lait infantile industriel, devenu inaccessible en raison du blocus israélien.
Le peu de lait disponible sur le marché noir est vendu jusqu’à 50 USD la boîte, un prix prohibitif pour des familles déplacées, vivant sous tente, sans eau potable ni revenus.
Conséquences cliniques : des signes alarmants
Les équipes médicales à Gaza signalent des nourrissons :
- cachectiques ;
- souffrant de déshydratation sévère (pli cutané, fontanelle déprimée, anurie) ;
- avec signes d’insuffisance pondérale extrême ;
- ou présentant une entérocolite nécrosante, fréquente chez les prématurés non allaités dans de mauvaises conditions d’hygiène.
La mortalité néonatale augmente rapidement. Le chiffre de 66 décès d’enfants par dénutrition aiguë sévère est probablement largement sous-estimé.
Entrave humanitaire : une violation du droit à la santé infantile
Des témoignages de médecins étrangers indiquent que les boîtes de lait infantile sont systématiquement confisquées à la frontière ou dans les bagages, y compris celles destinées aux soins intensifs néonatals.
Cela constitue une violation manifeste des Conventions de Genève et des principes de l’OMS en matière de santé materno-infantile en contexte de guerre. Le lait infantile, reconnu comme médicament vital, devrait faire partie intégrante de tout corridor humanitaire.
Solutions urgentes : rétablir la chaîne de survie
1. Ouverture immédiate des points de passage pour permettre l’entrée de lait thérapeutique (formules enrichies, lait pour prématurés, solutions de réhydratation).
2. Création de centres de nutrition thérapeutique pour évaluer, trier et traiter les nourrissons en situation de malnutrition aiguë sévère.
3. Distribution gratuite de lait maternisé aux mères non allaitantes, en parallèle à un soutien nutritionnel des femmes en âge de procréer.
4. Renforcement du suivi médical avec accès aux soins pédiatriques spécialisés, y compris la surveillance des paramètres biologiques, l’état d’hydratation et les signes de décompensation.
5. Appui logistique international via les agences onusiennes, le Croissant-Rouge et les ONG médicales, en contournant les entraves politiques.
La pénurie de lait infantile à Gaza n’est pas un simple problème d’approvisionnement : c’est une urgence médicale et humanitaire critique. Elle menace directement la vie des enfants, viole les droits fondamentaux à la santé, et nécessite une mobilisation internationale immédiate pour sauver une génération en danger.
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