Face à la montée préoccupante des maladies chroniques liées à l’alimentation, le ministre de la Santé, M. Abdelhak Saihi, a annoncé, dimanche à Alger, le lancement prochain d’un Plan national de l’alimentation, élaboré en coordination intersectorielle. Cette initiative s’inscrit dans une approche de santé publique intégrée visant à prévenir les maladies non transmissibles et à promouvoir des habitudes de vie plus saines au sein de la population.
Une stratégie contre les méfaits de l’alimentation moderne
Intervenant lors d’une journée thématique consacrée aux mesures préventives pour une saison estivale saine et sûre, M. Saihi a mis en garde contre les effets délétères de la consommation excessive d’aliments transformés. Riches en sucres, en graisses saturées, en additifs chimiques et en sel, ces produits industriels sont aujourd’hui identifiés comme des facteurs majeurs de risque pour la santé, responsables de l’augmentation des cas de diabète, d’hypertension artérielle, d’obésité, de maladies cardiovasculaires et de cancers.
Le ministère de la Santé entend répondre à cette urgence sanitaire à travers une action concertée avec les ministères du Commerce, de l’Agriculture, de l’Environnement, de l’Éducation nationale, et d’autres secteurs concernés. Ce plan global repose sur le concept internationalement reconnu de « Une seule santé », qui considère que la santé humaine, animale et environnementale sont étroitement liées, et que les réponses doivent être systémiques et coordonnées.
Objectifs : réduire les risques et changer les comportements
Le Plan national de l’alimentation a pour ambition de définir des standards nutritionnels clairs pour les produits alimentaires disponibles sur le marché, mais aussi d’orienter les comportements individuels et collectifs vers des choix plus sains. Concrètement, il s’agira de :
- Réduire significativement la consommation de sucres ajoutés, présents notamment dans les sodas, confiseries et produits de boulangerie industrielle.
- Limiter les graisses saturées et les acides gras trans, nocifs pour le cœur et les artères, souvent présents dans les plats préparés, les margarines industrielles et les fritures.
- Diminuer la consommation de sel, facteur aggravant de l’hypertension, en particulier dans les produits de charcuterie et les snacks salés.
- Favoriser l’activité physique régulière, indispensable pour réguler le poids, prévenir les désordres métaboliques et améliorer la santé mentale.
Le ministre a souligné que ces mesures visent à agir en amont des maladies, en instaurant une culture de prévention, plutôt que d’intervenir seulement à un stade curatif.
Éduquer dès le plus jeune âge : un programme nutritionnel en milieu scolaire
Dans cette dynamique, le ministère de la Santé travaillera en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale pour l’introduction d’un programme éducatif national, ciblant spécifiquement les enfants et les élèves. L’objectif est de sensibiliser les jeunes générations à l’importance d’une alimentation équilibrée et d’un mode de vie actif, dès le cycle primaire.
Ce programme pourrait inclure :
- Des modules d’enseignement intégrés sur les bases de la nutrition ;
- Des campagnes dans les cantines scolaires pour améliorer la qualité des repas ;
- Des activités sportives régulières encouragées par les établissements.
Les autorités misent sur cette stratégie éducative pour ancrer durablement les bons réflexes alimentaires dans la population future, et ainsi réduire le fardeau des maladies chroniques sur le système de santé à long terme.
L’été, un moment clé pour sensibiliser la population

À l’approche de la saison estivale, période propice aux excès alimentaires et à la déshydratation, le Dr Kamel Kadri, spécialiste en médecine interne à l’hôpital de Birtraria, a prodigué plusieurs recommandations à l’intention du grand public. Il insiste sur la nécessité de :
- Privilégier les aliments frais et naturels, comme les fruits et légumes de saison ;
- Limiter la consommation de plats riches, gras ou sucrés, notamment lors des sorties ou rassemblements familiaux ;
- Boire régulièrement de l’eau, même en l’absence de soif, afin de prévenir les coups de chaleur et les troubles rénaux.
Il rappelle également l’importance de surveiller la qualité des aliments achetés en milieu urbain ou touristique, afin d’éviter les intoxications alimentaires, fréquentes en période estivale.
Une politique nutritionnelle nationale pour un avenir en meilleure santé
En adoptant ce Plan national de l’alimentation, l’Algérie s’aligne sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui encourage les pays à intégrer les problématiques nutritionnelles dans leurs stratégies de santé publique. Cette démarche proactive pourrait réduire considérablement la prévalence des maladies non transmissibles, améliorer la qualité de vie des citoyens et alléger les dépenses de santé à long terme.
Le succès de ce plan repose toutefois sur l’adhésion collective, des citoyens comme des acteurs économiques (industries agroalimentaires, distributeurs, restaurateurs), à des standards alimentaires plus responsables et plus sûrs.
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