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Écrans et petite enfance : les médecins tirent la sonnette d’alarme

Edité par : Dr. Salim BENLEFKI | Docteur en neurosciences
30 avril 2025

Le texte souligne que les écrans – qu’il s’agisse de télévision, de tablettes ou de smartphones – ne sont pas adaptés au cerveau en pleine maturation des jeunes enfants.

Pour ces professionnels, le doute n’est plus permis. Les preuves scientifiques sont désormais suffisamment solides pour affirmer que l’usage précoce des écrans nuit gravement au développement cognitif et émotionnel des enfants.

Ces usages altèrent, selon les spécialistes, les capacités cognitives, l’attention, le langage, la mémoire, et plus largement, le développement intellectuel global.

Téléphones, tablettes, téléviseurs, ordinateurs et consoles de jeu font partie du quotidien des familles modernes. Les enfants les adorent, mais une utilisation excessive peut nuire à leur développement. Il est donc essentiel d’éliminer, de limiter et d’encadrer le temps passé devant les écrans.

Actuellement, certains spécialistes de santé recommandent de limiter l’exposition avant 3 ans. Mais ces consignes sont jugées dépassées par les auteurs de ce nouveau rapport, à la lumière des avancées scientifiques récentes. Ils estiment que les recommandations doivent être renforcées et mieux diffusées, en particulier auprès des familles et des professionnels de santé.

« Les activités sur écrans ne conviennent pas aux enfants de moins de 6 ans : elles altèrent durablement leurs capacités intellectuelles. »

Tous s’accordent pour dénoncer les effets délétères d’un usage précoce des écrans sur la santé physique, mentale et cognitive des jeunes enfants.

Une utilisation excessive réduit les occasions de jouer, de bouger et d’interagir avec d’autres, ce qui nuit à leur développement global.

Quelques risques identifiés :

  • Retards de motricité (ex. : courir, dessiner, découper).
  • Moins d’habiletés sociales.
  • Capacités cognitives affaiblies (langage, mémoire, lecture, mathématiques).
  • Difficulté à gérer ses émotions et des comportements (agressivité, difficulté à se calmer seul et passivité) ;
  • Troubles de l’attention et du sommeil.
  • Estime de soi affaiblie.
  • Problèmes de santé : surpoids, fatigue, maux de tête, myopie, mauvaise posture, alimentation déséquilibrée, hypertension, diabète de type 2,
  • etc.

Pas d’écran avant 6 ans : un appel urgent à la conscience collective

Une fausse impression de concentration : L’un des pièges les plus trompeurs est l’apparente concentration de l’enfant devant un écran. En réalité, ce n’est pas une attention active, mais une captation massive de stimuli qui saturent son cerveau. Résultat : son cerveau ne traite plus l’information de manière cohérente, et les apprentissages fondamentaux ne s’installent pas.

Des connexions cérébrales perturbées : Les scientifiques vont plus loin : ce bombardement d’images et de sons perturbe les connexions neuronales encore en formation. Il en résulte une fragilisation du développement cérébral, avec des effets qui peuvent s’inscrire dans la durée, voire être irréversibles. Le fonctionnement global du cerveau est altéré, compromettant les bases mêmes de l’apprentissage.

Une atteinte aussi à la santé physique : Au-delà des impacts cognitifs, l’exposition prolongée aux écrans nuit aussi à la santé physique des enfants. Sommeil perturbé, vue fatiguée, activité physique réduite : l’ensemble de leur équilibre est menacé. Le développement visuel normal est entravé, le rythme biologique est déstructuré, et cela pèse sur leur santé générale.

Les jeunes enfants ont besoin de jeux actifs, de manipulation, de lecture et d’interactions humaines pour bien se développer. Les vidéos dites éducatives, n’améliorent pas le langage — elles peuvent même le freiner chez les tout-petits.

Laisser un enfant utiliser une tablette pour éviter qu’il soit “en retard” à l’école est une idée fausse. Les enfants apprennent très vite à utiliser les outils numériques. Il vaut mieux lire des histoires, faire des jeux moteurs et l’encourager à parler.

Un bon développement passe par le mouvement, pas par les écrans.

  • Avant 1 an : bouger plusieurs fois par jour, au moins 30 minutes sur le ventre quand éveillé.
  • 1 à 2 ans : au moins 180 minutes d’activités variées par jour.
  • 3 à 4 ans : 180 minutes, dont au moins 60 minutes de jeu actif.
  • 5 ans et plus : minimum 60 minutes/jour d’activité modérée à intense + activités de renforcement 3 fois/semaine.
Mother Forbids Her Daughter And Son To Play Game on Digital Tablet, Concept For Dependence On Gadgets

Utiliser un écran pour apaiser un enfant surexcité peut sembler efficace… à court terme. Mais cela empêche l’enfant d’apprendre à se réguler lui-même. Il risque de toujours dépendre d’un écran pour gérer ses émotions.

La vraie dépendance est rare chez les tout-petits, mais certains signes doivent alerter :

  • Crises lors de l’arrêt.
  • Usage en cachette.
  • Usage comme refuge émotionnel.
  • Désintérêt pour les jeux ou les amis.

Pour prévenir l’excès :

  • Mettre en place des règles claires et constantes dès l’enfance.
  • Favoriser les activités diversifiées, sans écran.

Utilisés de façon encadrée, les écrans peuvent :

  • Offrir du plaisir.
  • Renforcer certains apprentissages.
  • Stimuler des habiletés cognitives (jeux adaptés à l’âge, applications interactives).

Les applications éducatives peuvent aider à apprendre des sons, des mots, ou à résoudre des problèmes, si elles sont de qualité et utilisées avec un adulte.

Les émissions jeunesse de qualité peuvent également favoriser :

  • Le développement du langage (chez les 2 ans et plus).
  • L’apprentissage de valeurs comme le respect des différences.

L’enfant apprend mieux s’il est accompagné pendant l’usage de l’écran. L’adulte peut :

  • Nommer ce qu’il voit.
  • Réagir à ses commentaires.
  • Discuter de l’histoire ou du jeu.

Mais les apprentissages faits sur écran sont plus difficiles à transférer dans la vie réelle que ceux acquis en jouant avec de vrais objets ou en parlant avec d’autres.

Pour que les enfants profitent des avantages des écrans sans en subir les effets négatifs, les parents doivent :

  • Établir des règles claires.
  • Encadrer l’utilisation.
  • Favoriser les échanges réels, le jeu libre et l’activité physique.

Ne dépasse pas 2 heures par jour chez les enfants âgés de 7 à 17 ans.

Les experts appellent à une véritable prise de conscience collective. Selon eux, il est urgent de protéger les enfants, de former les parents, et d’encadrer l’usage des technologies numériques dès le plus jeune âge.

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