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Brucellose : Une maladie bactérienne à fort impact sanitaire et économique. 

Edité par : Dr. Samah Sekhari | Docteur en médecine
16 mars 2025

La brucellose est une maladie infectieuse et zoonotique causée par des bactéries du genre Brucella. Elle touche principalement les bovins, ovins, caprins, porcins et chiens, mais peut également contaminer l’Homme, entraînant des conséquences sanitaires parfois graves.

Brucella melitensis est la principale espèce responsable des infections humaines, bien que d’autres espèces comme Brucella abortus et Brucella suis puissent également provoquer la maladie. 

En raison de sa haute contagiosité, la brucellose représente un enjeu majeur de santé publique et vétérinaire. Elle est classée parmi les maladies à déclaration obligatoire dans de nombreux pays et demeure endémique dans plusieurs régions du monde, notamment en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique latine. La brucellose impacte non seulement la santé humaine, mais aussi l’économie agricole, en raison des pertes de production dues aux avortements spontanés chez les animaux infectés et aux restrictions commerciales imposées aux élevages touchés.

Les bactéries Brucella sont particulièrement résistantes dans l’environnement, pouvant survivre plusieurs mois dans des conditions favorables, notamment dans les sols humides, les matières organiques et les produits laitiers non pasteurisés. 

L’Homme peut contracter la brucellose par différentes voies :

  • Contact direct avec des animaux infectés : Les éleveurs, vétérinaires, agriculteurs et ouvriers des abattoirs sont particulièrement exposés lorsqu’ils manipulent des animaux contaminés, leurs sécrétions (lait, urine, placenta) ou leurs carcasses.
  • Consommation de produits laitiers non pasteurisés : Le lait cru et les fromages frais, en particulier ceux à base de lait de brebis et de chèvre, sont la principale source d’infection chez l’Homme.
  • Inhalation d’aérosols contaminés : Cette voie de transmission est fréquente dans les abattoirs et les laboratoires manipulant la bactérie.
  • Pénétration par des plaies cutanées : Une simple éraflure peut suffire à introduire la bactérie dans l’organisme. 

La transmission interhumaine est extrêmement rare, bien que des cas aient été signalés par voie sexuelle, transmission materno-fœtale ou allaitement. 

La brucellose humaine se manifeste généralement sous une forme pseudo-grippale qui peut durer plusieurs semaines voire plusieurs mois. Sa période d’incubation varie de 1 à 2 mois, ce qui complique le diagnostic et peut retarder la prise en charge médicale. 

Les symptômes les plus fréquents incluent :

  • Fièvre irrégulière, souvent fluctuante et accompagnée de sueurs nocturnes abondantes.
  • Fatigue intense (asthénie) et perte de poids inexpliquée.
  • Douleurs musculaires et articulaires, pouvant évoluer en arthrites chroniques. 
  • Maux de tête et troubles neurologiques dans les formes avancées.
  • Symptômes digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales) dans certains cas. 

Dans les formes sévères, la brucellose peut provoquer des complications graves, touchant : 

  • Les articulations (arthrite brucellienne, spondylodiscite). 
  • Le foie et la rate (hépatosplénomégalie).
  • Le système nerveux (méningo-encéphalite).
  • Le cœur (endocardite, une complication potentiellement fatale). 

La maladie peut également évoluer vers une forme chronique, avec des symptômes persistants durant plusieurs mois, voire des années. 

Le diagnostic de la brucellose repose sur plusieurs examens permettant d’identifier la présence de la bactérie ou des anticorps produits par l’organisme en réponse à l’infection : 

  • Culture bactérienne à partir d’échantillons sanguins ou de liquides biologiques, bien que cette méthode soit longue et parfois peu sensible.
  • Tests sérologiques, permettant de détecter la présence d’anticorps spécifiques contre Brucella. Ces tests sont plus rapides et fiables.
  • Techniques moléculaires (PCR), utilisées dans certains laboratoires spécialisés pour identifier plus rapidement la bactérie. 

Un diagnostic précoce est essentiel pour éviter les complications et limiter la propagation de la maladie. 

La prévention de la brucellose repose essentiellement sur la réduction du risque de transmission animal-homme et le contrôle sanitaire des élevages. Parmi les principales mesures à adopter : 

  • Dépistage régulier des troupeaux
  • Abattage des animaux infectés, afin de limiter la propagation de la maladie.
  • Vaccination des animaux dans certains pays endémiques, bien que cette méthode soit interdite dans certains pays, car elle interfère avec les tests de diagnostic. 
  • Respect des règles d’hygiène strictes pour les travailleurs exposés (port de gants, masques, désinfection du matériel). 
  • Consommation exclusive de produits laitiers pasteurisés, afin d’éliminer tout risque d’infection alimentaire.
  • Surveillance vétérinaire renforcée dans les zones à risque pour éviter l’apparition de foyers épidémiques. 

La brucellose humaine nécessite un traitement antibiotique prolongé, car les bactéries Brucella sont capables de survivre à l’intérieur des cellules de l’organisme, rendant leur éradication plus difficile. 

Le protocole recommandé repose sur une association d’antibiotiques pour limiter le risque de rechute :

  • Doxycycline (100 mg, deux fois par jour pendant 45 jours). 
  • Streptomycine (1 g par jour pendant 15 jours) ou rifampicine en cas d’intolérance. 

Dans les formes sévères ou compliquées, une hospitalisation peut être nécessaire pour une prise en charge spécialisée. 

Un vaccin contre la brucellose existe pour les bovins, ovins et caprins, mais son utilisation est interdite dans certains pays car il interfère avec les tests sérologiques de dépistage. 

Pour l’Homme, aucun vaccin n’est disponible à ce jour. Les efforts de recherche se poursuivent, mais en attendant, la prévention et le contrôle sanitaire des élevages restent les seuls moyens efficaces pour limiter la propagation de la maladie. 

La brucellose est une maladie complexe et insidieuse, qui continue de poser un problème majeur de santé publique dans de nombreuses régions du monde. Sa prévention repose principalement sur un contrôle strict des élevages, une meilleure hygiène alimentaire, et une prise de conscience accrue des risques chez les professionnels exposés.

Un diagnostic précoce et un traitement rigoureux permettent de limiter les complications graves, mais l’absence de vaccin humain renforce l’importance des mesures de prévention. La coopération entre les services vétérinaires, médicaux et agroalimentaires reste essentielle pour contenir cette maladie et protéger à la fois la santé publique et les productions animales.

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