Une Bonne Santé pour une Vie Meilleure

Tatouages et risque de cancer : Une étude alerte sur un possible lien…

Edité par : Safa Kaouther BOUARISSA | Journaliste
16 mars 2025

Les encres de tatouage pourraient-elles présenter un danger pour la santé ? Selon une étude menée auprès de 5 900 personnes, les individus tatoués seraient plus souvent touchés par des cancers de la peau et des lymphomes que ceux qui ne le sont pas. Ces résultats, publiés dans la revue BMC Public Health, soulèvent des inquiétudes sur les effets à long terme de l’encre injectée dans la peau. 

Pourtant, si le choix du motif et du style fait souvent l’objet d’une longue réflexion, peu de personnes se préoccupent de la composition de l’encre utilisée. Or, celle-ci ne reste pas simplement sous l’épiderme : une partie migre à travers l’organisme. 

C’est ce qu’ont cherché à comprendre des chercheurs du département de santé publique et du département de recherche clinique de l’université du Danemark du Sud (SDU), en collaboration avec l’université d’Helsinki. Leur étude a révélé que des particules d’encre s’accumulent dans les ganglions lymphatiques, ce qui pourrait déclencher une réaction du système immunitaire. 

Dr Henrik Frederiksen, hématologue à l’hôpital universitaire d’Odense et professeur clinicien à la SDU, explique : « Nous constatons que des particules d’encre s’accumulent dans les ganglions lymphatiques et nous soupçonnons que le corps les perçoit comme des substances étrangères. » 

L’encre pourrait donc provoquer une stimulation constante du système immunitaire, avec des conséquences encore inconnues sur le long terme. Le Dr Frederiksen ajoute : « Cela peut signifier que le système immunitaire tente constamment de répondre à l’encre, et nous ne savons pas encore si cette tension persistante pourrait affaiblir la fonction des ganglions lymphatiques ou avoir d’autres conséquences sur la santé. » 

Les chercheurs craignent notamment que cette stimulation entraîne une inflammation chronique des ganglions, ce qui pourrait à terme favoriser **le développement de cancers. 

L’étude a utilisé une approche innovante en comparant des jumeaux, dont l’un était atteint de cancer, afin de mieux cerner les liens entre tatouage et risque de cancer tout en limitant l’impact des facteurs génétiques et environnementaux. 

De son coté, Dr Jacob von Bornemann Hjelmborg, professeur de biostatistique à la SDU, explique : « Cette méthodologie nous permet de mieux évaluer si les tatouages eux-mêmes peuvent influencer le risque de cancer. »

L’analyse a révélé un lien entre la taille du tatouage et le risque de développer un cancer : 

  • Plus un tatouage est grand, plus la quantité d’encre présente dans l’organisme est importante.
  • Plus il est ancien, plus l’encre a eu le temps de migrer et de s’accumuler dans les ganglions lymphatiques. 

Ce constat inquiète les chercheurs. Comme l’explique Signe Bedsted Clemmensen, professeure adjointe de biostatistique à la SDU : « Cela suggère que plus le tatouage est grand et plus il est présent depuis longtemps, plus l’encre s’accumule dans les ganglions lymphatiques. L’impact sur le système immunitaire doit être étudié plus en détail. »

Si cette étude met en évidence une corrélation inquiétante, elle ne prouve pas encore un lien de causalité direct entre tatouage et cancer. D’autres recherches sont nécessaires pour déterminer comment l’encre interagit avec le système immunitaire et si certains composants spécifiques sont plus dangereux que d’autres. 

En attendant, ces résultats soulignent l’importance de mieux réglementer la composition des encres et d’informer les tatoués sur les risques potentiels à long terme.

Mots clés : tatouage ; peau ; cancer ; santé ; ganglion ; lymphatique ;