Dans un monde où les prouesses technologiques et médicales éblouissent par leur audace, une réalité inconfortable s’impose : nos priorités reflètent-elles les véritables besoins de l’humanité ? Cette question, soulevée avec un humour incisif par le Dr Drauzio Varella, oncologue brésilien, trouve écho dans son observation cinglante :
« Nous investissons cinq fois plus d’argent en médicaments pour la virilité masculine et en silicone pour les seins des femmes que pour la guérison de la maladie d’Alzheimer. »
Ce constat, à la fois mordant et lucide, éclaire un dilemme troublant. Fascinées par l’apparence et la performance, nos sociétés semblent délaisser l’essentiel : préserver la dignité et l’humanité de chacun. Pendant que des milliards sont engloutis dans des secteurs comme la cosmétique et le bien-être superficiel, des pathologies telles que l’Alzheimer continuent de dépouiller des millions de personnes de leurs souvenirs, et bien souvent, de leur identité.
Une société au miroir déformant
Le Dr Varella ne condamne pas uniquement des choix financiers. Il met en lumière une faille plus profonde : celle des valeurs qui sous-tendent ces choix. L’omniprésence des réseaux sociaux et des médias valorise une quête effrénée de perfection corporelle, marginalisant ce qui nourrit réellement l’âme humaine.
Prenons l’exemple de la maladie d’Alzheimer. Alors qu’elle bouleverse des vies et surcharge les systèmes de santé, ses besoins en recherche demeurent sous-financés. Cette négligence collective reflète un déséquilibre : nous privilégions le spectaculaire au durable, l’éclat éphémère au bien-être fondamental.
Une révision éthique : et si nous repensions nos priorités ?
Comment réorienter nos choix vers une société plus équitable et bienveillante ? La réponse réside peut-être dans une redéfinition du « progrès ». Le progrès ne devrait-il pas consister à réduire la souffrance, à préserver la mémoire collective et à offrir à chacun une vie digne, même dans ses dernières étapes ?
Investir davantage dans des domaines cruciaux tels que la santé mentale, les maladies neurodégénératives et les soins palliatifs pourrait marquer le début d’un changement significatif. Dans ce monde réimaginé, la vieillesse ne serait plus stigmatisée comme une défaillance, mais valorisée comme une période à accompagner avec humanité.
Conclusion : Un appel à la mémoire et à la dignité
Si nous continuons sur cette voie, le sombre scénario décrit par Drauzio Varella — un futur où « les vieilles femmes auront de gros seins et les hommes âgés des érections durables, mais aucun d’entre eux ne se rappellera pourquoi » — pourrait devenir une amère réalité. Il est temps de replacer au cœur de nos décisions ce qui fait l’essence même de l’humanité : prendre soin des plus vulnérables. Cela nécessite une mobilisation collective, un engagement éthique et des choix financiers éclairés. Seule une société qui chérit sa mémoire et respecte sa dignité peut véritablement prétendre au progrès.
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