Collaboration avec Dr Talhi Oncoradiothérapeute
Depuis vingt ans, la médecine a fait des pas géants grâce à la science génomique, qui est la science du fonctionnement de l’ensemble des cellules, y compris les cellules cancéreuses, à l’échelle des gènes. Grâce aux technologies d’analyses très pointues du génome, les spécialistes peuvent désormais identifier les altérations moléculaires des cellules cancéreuses, et orienter le malade vers un traitement spécifique.
“Une progression des connaissances exponentielle”, précise Dr Gilbert Karayakoupoglou, docteur en biologie, lors de la table ronde qu’il a animé à l’occasion d’une rencontre scientifique avec des professionnels, organisée par Pharma Start, pour la première fois en Algérie, sur les nouveaux tests génomiques.
Qu’est-ce que la génomique ?
Le ‘’génome’’ désigne l’ensemble des gènes contenus dans nos cellules et regroupe toutes les informations qui caractérisent un individu. Il est composé de 23 paires de chromosomes, sur lesquels sont répartis près de 30 000 gènes. Ces gènes expriment une à une les caractéristiques propres d’une personne (couleurs des yeux et de la peau, groupe sanguin, taille, hormones…).
Ces gènes contiennent l’information nécessaire pour créer les protéines. Le passage d’un gène à une ou plusieurs protéines, via différents processus, est appelé ‘’l’expression des gènes’’.
La génomique est une science récente, qui étudie le génome d’un individu ou d’une tumeur comme la fonction des gènes ou encore le contrôle de leur expression. Cela permet d’en apprendre plus sur le fonctionnement de l’organisme humain et sur certaines maladies, héréditaires ou non.
Grâce aux progrès scientifiques et technologiques, décrypter le génome d’une personne ne prend aujourd’hui que quelques jours alors qu’il a fallu pas moins de 13 ans pour séquencer le premier génome humain, publié en 2003 !
Qu’est-ce que la génomique des cancers ?
Dans le cas spécifique du cancer, la génomique est l’étude des caractéristiques génétiques d’une tumeur. Il est possible aujourd’hui d’identifier un gène altéré ou une protéine à l’activité trop forte, trop faible ou anormale, menant à la cancérisation d’une cellule saine.
Ces nouvelles connaissances changent la donne sur les moyens de prévenir, de diagnostiquer et de soigner les cancers. L’une des principales avancées dans ce domaine est portée par la médecine de précision.
On connaît aujourd’hui trois grandes catégories de gènes associés aux pathologies cancéreuses :
- Les oncogènes (impliqués dans le développement des tumeurs) ;
- Les gènes suppresseurs de tumeurs ;
- Les gènes de réparation de l’ADN.
Selon les types de cancer, l’enchaînement des altérations génétiques et leur chronologie est très différents.
Le choix des zones du génome à analyser sera en fonction du type de cancer. On parle alors de :
- Bio-marqueurs tumoraux pronostiques quand ils permettent de prédire l’évolution clinique de la maladie avant traitement. Ces bio-marqueurs sont utilisés pour déterminer le risque potentiel de récidive ou encore pour évaluer l’efficacité d’une chimiothérapie et/ou d’une thérapie ciblée ;
- Bio-marqueurs tumoraux prédictifs quand ils permettent de prédire l’efficacité ou la résistance d’un traitement particulier.
L’analyse génomique en pratique
L’analyse génomique est réalisée à partir d’un échantillon biologique (prise de sang, cellules tumorales…).
- En laboratoire de biologie moléculaire, le matériel génétique contenu dans le noyau des cellules va être analysé par la technologie nommée ‘’puce à ADN’’. Celle-ci permet de visualiser le niveau d’activité d’un ensemble de gènes prédéfinis (biomarqueurs), reflétant ainsi la présence ou non d’altérations génétiques.
Pour chaque gène, il sera possible de déterminer s’il est exprimé normalement, sous-exprimé, surexprimé ou encore éteint. La technologie de puce à ADN analyse simultanément l’expression de plusieurs dizaines de gènes.
- Une autre technique de séquençage à haut débit NGS (pour next generation sequencing) est également développée pour une analyse simultanée de plusieurs centaines de gènes.
Ces deux techniques permettent d’obtenir les caractéristiques de la tumeur ou signature génomique.
Profil tumoral, ‘‘ Une analyse génomique pour quel cancer ? ’’
L’analyse génomique est en plein essor. Elle permet le développement de la médecine personnalisée du cancer. Selon ce qui a été débattu lors de la table ronde organisée par Pharma Strat et animée par Dr Gilbert Karayakoupoglou, docteur en biologie, le traitement est alors prescrit :
- Individuellement ;
- En fonction de la signature génomique et des données biologiques de la tumeur ;
- Des caractéristiques du patient.
L’analyse génomique est une réalité dans le cas de certains cancers du sein. Différents tests sont disponibles et sont utilisés dans des situations bien précises, principalement suite à un néoplasie diagnostiqué à un stade précoce. Ils permettent de donner une valeur pronostique sur le risque de métastases à distance. Ils sont réalisés pour éviter l’administration d’une chimiothérapie après chirurgie qui aurait été inutile pour certains patients atteintes d’un cancer du sein, améliorant ainsi considérablement la qualité de vie tout en préservant les chances de guérison.
Tel un Code-barres, cette analyse va permettre d’obtenir une signature génomique et ouvre la voie à la médecine personnalisée du cancer.
Ces tests permettent aussi de savoir si le patient est à Haut risque ou à Bas risque clinique et génomique pour un choix thérapeutique ciblé. On peut citer
En résumé, selon l’expert, ces solutions de diagnostic complémentaire contribueront au développement de thérapies et immunothérapies ciblées révolutionnaires qui amélioreront la vie des patients atteints de cancer.
Plusieurs études et essais cliniques
L’essai MINDACT ((Microarray In Node negative Disease may Avoid ChemoTherapy) avait pour but de d’étudier l’utilisation des tests génomique MammaPrint de 70 gènes pour sélectionner les cas de cancer du sein bénéficiant d’une chimiothérapie si elle apportera de bénéfice par rapport à une hormonothérapie seule. Environ 6700 patientes ont participé à l’étude MINDACT venant de 9 pays dont les résultats ont été publiés dans le NEJM (New England Journal of Medicine). Ces patientes ont présenté des caractéristiques cliniques et génomiques différentes permettant ainsi de les classer dans des grandes catégories se basant sur les hautement et faiblement clinique ou génomique, pour décider ou non d’une chimiothérapie adjuvante. Après 8 ans de recul les résultats étaient en faveur de l’utilisation de ces tests qui permettent de réduire le nombre de patientes exposés à une chimiothérapie à 23%.
Une autre étude a été publié sur JAMA (Journal of the American Medical Association) en 2017 incluant 1780 patientes faiblement génomiques et qui ne sont pas traitées par hormonothérapie versus les patientes traitées suivi sur 20 ans, ces patientes ont été classées très faiblement génomique (ultra low) et qui n’ont pas développé de métastases.
Une étude aussi sur l’ADN tumoral circulant des tumeurs colorectales concernant les tests SIGNATERA autant que bio-marqueur utile pour la détection du résidu tumoral afin de juger l’efficacité du traitement et le risque de récidive, d’autres études ont été aussi publiées s’intéressant à l’efficacité de ces test chez les patients atteint du cancers du poumon et du cancer colorectal.
En somme, l’intérêt d’une analyse génétique demeure important, et ce, pour déterminer la nécessité d’instaurer une chimiothérapie adjuvante et toute la stratégie de traitement et de prise en charge des patients atteints de cancers.
B.C. Validé par DR talhi.T oncoradiothérapeute.