La Journée mondiale de l’audition, fixée chaque 3 mars de l’année, est passée inaperçue en Algérie, voire, ignorée.
Pourtant, l’Etat algérien accorde une importance aux sourds-muets. Dimanche 18 avril 2021, en effet, lors d’un Conseil des ministres, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait annoncé la création d’une Ecole nationale supérieure pour la formation des enseignants spécialisés dans l’apprentissage des sourds-muets.
Les orientations du Président
« L’Ecole des sourds-muets, entrera en service la prochaine rentrée. », avait indiqué Abdelmadjid Tebboune, ajoutant que « l’établissement acquerra une dimension africaine et arabe dans ce domaine. »
Le Président Tebboune a également insisté, cité par l’APS, sur « la nécessité de prendre en charge toutes les franges de la société, notamment les personnes aux besoins spécifiques afin de garantir une éducation et un apprentissage adaptés à travers l’ensemble des wilayas des pays. »
Le Président avait même confié au ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH), Abderrahmane Benbouzid, la mission de « créer un établissement hospitalier pour la prise en charge des malentendants et des sourds, en focalisant sur le développement des opérations de l’implantation cochléaire, et ce en partenariat avec start-up algériennes activant dans le domaine. »
Lui emboitant le pas, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), Abdelbaki Benziane, avait précisé que la création de ladite école est prévue pour la fin de l’exercice en cours, soit à la fin l’année universitaire 2021/2022. En dépit de ces annonces dont on attend la concrétisation à la date promise, les initiatives en vue de mettre en exergue la souffrance ou les préoccupations de cette frange de la population, demeurent rares, voire inexistantes. Même les statistiques y afférentes sont indisponibles.
Un rapport inquiétant
En revanche, à l’échelle internationale, le premier rapport mondial sur l’audition a été publié, en 2021, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il y est indiqué que près de 2,5 milliards de personnes dans le monde, soit une personne sur quatre, souffriront de déficience auditive, à des degrés divers, d’ici à 2050. « Si l’on ne fait rien, au moins 700 millions de ces personnes auront besoin de soins auriculaires et auditifs et d’autres services de réadaptation. », met-on en garde.
Un sourd non traité : futur muet ?
« L’ouïe est précieuse. Une déficience auditive non soignée peut avoir des effets dévastateurs sur l’aptitude des personnes à communiquer, à s’instruire et à gagner leur vie. Elle peut aussi avoir des répercussions sur la santé mentale et sur la capacité à entretenir des relations. », a déclaré le Directeur général (DG) de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, précisant que « ce nouveau rapport révèle l’ampleur du problème, mais propose aussi des solutions sous la forme d’interventions scientifiquement fondées que nous invitons tous les pays à intégrer dans leur système de santé pour avancer sur la voie de la couverture sanitaire universelle. »
Un accès aux soins difficile
Le rapport révèle, également, que « dans la plupart des pays, les soins auriculaires et auditifs ne sont pas encore intégrés au système de santé national et les personnes souffrant de maladies de l’oreille ou de déficience auditive ont difficilement accès aux soins. »
S’agissant de l’encadrement, le rapport met le doigt sur le manque flagrant de ressources humaines. Il y est indiqué que « dans environ 78 % des pays à faible revenus, il y a moins d’un spécialiste ORL pour un million d’habitants ; 93 % de ces pays ont moins d’un audiologiste pour un million d’habitants ; seulement 17 % ont, au moins, un orthophoniste pour un million d’habitants ; et 50 % ont au moins un enseignant pour malentendants pour un million d’habitants. »
Chiffres clés :
- 1,5 milliard : le nombre de personnes atteintes d’une déficience auditive, plus ou moins prononcée ;
- 430 millions : le nombre de personnes ayant besoin de services de réadaptation ;
- 980 millions de dollars : traitement annuel des déficiences auditives à l’échelle mondiale ;
- 1,4 dollar : cout par personne dans le monde pour renforcer les soins de l’oreille et de l’audition au niveau mondial.
- 60 % : taux des cas de déficience auditive chez l’enfant, dus à des causes pouvant être prévenues par des mesures de santé publique (infections de l’oreille ou complications à la naissance, par exemple).
- 17 % : taux des personnes pour qui une aide auditive serait utile ; La part des personnes qui n’utilisent pas ces dispositifs est élevée partout dans le monde ; elle va de 77 % à 83 % dans les différentes Régions de l’OMS, et de 74 % à 90 % selon les niveaux de revenus.
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