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Effacer les mauvais souvenirs : une avancée prometteuse en neurosciences

Edité par : Dr. Fettah Zoura | psychiatre
24 janvier 2025

Est-il possible d’effacer les mauvais souvenirs, tout en conservant les bons ? Cette idée intrigue de plus en plus de chercheurs. En effet, la suppression des souvenirs négatifs et des flashbacks traumatiques pourrait transformer le traitement de nombreux troubles mentaux. Une équipe internationale de scientifiques explore une approche novatrice : réactiver les souvenirs positifs afin de diminuer l’impact des mauvais souvenirs.

L’expérience menée avec 37 participants visait à créer un lien entre des mots inventés et des images négatives, choisies dans des bases de données avec du contenu choquant, tel que des blessures humaines ou des animaux menaçants. Une fois ces associations formées, certains mots ont été « reprogrammés » en les reliant à des images apaisantes, comme des paysages tranquilles ou des visages souriants.

Les participants ont ensuite été observés pendant plusieurs jours, afin que les chercheurs puissent analyser leurs réponses émotionnelles et leur sommeil.

La phase la plus importante de l’expérience a eu lieu pendant le sommeil des participants. En effet, lors de la seconde nuit, alors qu’ils étaient en sommeil profond, les chercheurs ont diffusé des enregistrements des mots inventés. L’activité cérébrale a alors été mesurée grâce à un électroencéphalogramme. Ce suivi a révélé une augmentation notable de l’activité cérébrale, en particulier lorsqu’il s’agissait des mots associés à des signaux positifs.

Les questionnaires remplis par les participants le lendemain et plusieurs jours après ont montré que ceux qui avaient subi cette « reprogrammation » étaient moins capables de se rappeler des souvenirs négatifs associés aux mots. Au contraire, les souvenirs positifs réactivés apparaissaient plus facilement dans leur mémoire. Cette observation laisse espérer qu’il est possible d’effacer des souvenirs désagréables en les « écrasant » sous des souvenirs positifs.

Les chercheurs, dans leur publication dans la revue ‘’PNAS’’ de juillet 2024, concluent que ‘’l’intervention non invasive sur le sommeil peut modifier les souvenirs aversifs et les réponses affectives. Ils estiment que cette approche pourrait constituer un premier pas vers des traitements plus efficaces pour les personnes souffrant de troubles liés à des souvenirs pathologiques ou traumatiques.

Cependant, il convient de noter que cette étude, bien qu’encourageante, en est encore à ses débuts. Les chercheurs rappellent que les expériences menées en laboratoire ne reproduisent pas exactement les conditions d’un traumatisme réel. Par exemple, voir des images choquantes dans un cadre contrôlé n’a pas le même impact qu’une expérience traumatisante vécue dans la vie réelle. Effacer des souvenirs profondément enracinés liés à des traumatismes graves, comme une agression, serait probablement plus complexe.

Malgré ces limites, cette recherche ouvre des perspectives intéressantes pour les personnes vivant avec des souvenirs douloureux. En poursuivant cette approche, les scientifiques pourraient un jour proposer des traitements aux personnes souffrant de troubles comme le stress post-traumatique, l’anxiété ou la dépression. Le sommeil, essentiel pour la régénération du corps et de l’esprit, pourrait bien devenir un outil clé pour traiter les blessures émotionnelles et changer la manière dont nous stockons et récupérons nos souvenirs.

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