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Pr Erdal KARAÖZ, de Liv Hospital (Turquie) : ‘‘Les cellules souches bonnes à tout faire’’

Edité par : Chabane Bouarissa | Journaliste
2 février 2024

Les conférences sur les cellules souches se suivent et se ressemblent. Celle qui vient de se tenir lors du Salon AMTEX 2024 à Alger n’a pas échappé à la règle. D’un côté, des chercheurs enthousiastes, qui voient s’ouvrir un immense boulevard inexploré dans le champ de la connaissance. De l’autre, des cliniciens qui hésitent à faire naître des espoirs démesurés chez leurs patients. Théoriquement, les applications de cette nouvelle forme de thérapie cellulaire paraissent illimitées et quasiment miraculeuses, tant le potentiel thérapeutique de ces cellules ‘’bonnes à tout faire’’ paraît immense.

En théorie, il suffit de prélever quelques-unes de ces cellules totipotentes dans un organisme vivant et de les mettre en culture dans des conditions adéquates. Si on dispose des bonnes molécules inhibitrices ou inductrices -les messagers chimiques indispensables à la croissance cellulaire- on met en marche le cycle de multiplication et de spécialisation.

Cette prolifération orientée conduit à la production in vitro de n’importe quel type de cellules spécialisées, parmi les 200 familles existantes dans un corps humain. C’est le professeur Erdal KARAÖZ, éminent spécialiste en traitements à partir de cellules souches de Liv Hospital  en Turquie, qui a le mieux résumé les promesses scientifiques et médicales de cette thérapie à la demande.

‘’L’utilisation contrôlée des facteurs de croissance transforme la boîte de culture en une petite usine de fabrication de pièces de rechange pour le corps’’.

Devant un auditoire d’experts, le conférencier a exposé, sous le titre “Thérapie cellulaire, cellules souches, ingénierie tissulaire, exosmose”, les principales avancées dans ce domaine.

La conférence a attiré le plus grand nombre de participants, professionnels et visiteurs dont des patients qui cherchaient des solutions à leur mal.

En plus de la thématique proposée, plusieurs autres questions et sujets ont été soulevés par l’auditoire. Par de simples phrases, soutenues par des illustrations, photos et vidéos, des cas cliniques,  le professeur a capté l’attention et à apporter plus d’explications sur ce domaine :

  • Thérapie cellulaire : La thérapie cellulaire est une approche médicale qui vise à traiter les maladies en utilisant des cellules vivantes. Ces cellules peuvent provenir du patient lui-même (thérapie autologue) ou d’un donneur (thérapie allogénique). L’objectif est de restaurer, réparer ou remplacer les cellules endommagées ou défaillantes pour améliorer la santé.
  • Cellules souches : Les cellules souches sont des cellules qui ont la capacité unique de se différencier en divers types cellulaires et de se renouveler indéfiniment. Elles sont la base du développement humain et peuvent être utilisées en médecine régénérative pour traiter diverses maladies en régénérant des tissus ou des organes endommagés.
  • Ingénierie tissulaire : L’ingénierie tissulaire consiste à créer des tissus ou des organes artificiels en combinant des cellules, des biomatériaux et des facteurs de croissance. Cette approche vise à produire des substituts biologiques fonctionnels pour les transplantations ou le remplacement de tissus défectueux.
  • Exosmose : L’exosmose fait référence au processus de libération de substances à partir d’une cellule par l’intermédiaire de vésicules membranaires appelées exosomes.

              Ces exosomes jouent un rôle important dans la communication cellulaire en transportant des molécules telles que des protéines et des acides nucléiques entre les cellules. Ce processus est crucial dans divers processus biologiques, y compris la régulation du système immunitaire et la modulation de la réponse cellulaire.

En pratique, bien que les applications médicales des cellules souches demeurent actuellement limitées à des cas exceptionnels, d’importantes avancées ont été réalisées ces dernières années. Selon le Professeur Erdal KARAÖZ, l’isolement de ces cellules reste souvent complexe, et leur mise en culture est délicate. Une fois les phases de différenciation assurées, il n’est pas garanti que toutes les cellules de remplacement produites soient totalement saines, sans risque tumoral. Dans certains cas, bien que la guérison ne soit pas systématiquement à 100%, elle permet aux patients de mener une vie confortable.

Les cellules souches, véritables actrices de l’innovation médicale, se positionnent comme des alliées majeures dans divers domaines médicaux. Leur polyvalence offre des perspectives nouvelles dans le traitement de nombreuses affections.

Ces 10 dernière année, le professeur a crée la première clinique de médecine régénérative et le premier établissement GMP de Turquie à l’hôpital Liv.

  • Régénération du muscle cardiaque

Malgré ces risques potentiels, les expérimentations se multiplient et chaque semaine apporte son lot de bonnes nouvelles. Les essais les plus spectaculaires concernent les travaux réalisés dans la régénération du muscle cardiaque. Le cœur et certains muscles contiennent des cellules souches capables de se multiplier et de se diversifier : les myoblastes. Prélevées par biopsie, elles sont capables de se reproduire in vitro pour donner des colonies de plusieurs centaines de millions de cellules filles, en principe toutes identiques.

Transplantées par injection dans un cœur partiellement détruit (en cas d’infarctus), elles retrouvent leurs propriétés contractiles, grâce à un extraordinaire effet de mimétisme de proximité pour l’instant non élucidé. Ce traitement expérimenté chez l’animal et l’homme permet de retrouver une activité apparemment normale du muscle cardiaque

  • Traitement de l’autisme à base de cellules souches

Le traitement de l’autisme à base de cellules souches offre un outil entièrement nouveau à explorer pour les parents et les patients. L’approche prospective est basée sur la capacité unique des cellules souches à influencer positivement le système immunitaire et le métabolisme, ainsi que sur leur capacité à restaurer les cellules et tissus endommagés. Ce traitement favorable affecte tous les organes et systèmes du corps, y compris le cerveau.

La thérapie par cellules souches est de plus en plus reconnue comme une approche possible pour aider les personnes atteintes d’autisme. Elle repose sur la capacité particulière des cellules souches à affecter le métabolisme, le système immunitaire et à restaurer les cellules et les tissus endommagés, y compris les organes et les structures du corps.

Les derniers essais cliniques utilisant la thérapie par cellules souches, dont les études du Prof Erdal KARAÖZ, se sont révélés prometteurs.

Cependant, tous les chercheurs et autres professionnels soulignent que la thérapie en est encore à ses débuts et que beaucoup plus de recherches sont nécessaires.
Les cellules souches du sang de cordon pourraient offrir des moyens de moduler ou de réparer le système immunitaire de ces patients, ce qui améliorerait également le langage et certains comportements chez les enfants qui n’ont aucune raison évidente d’être devenus autistes. 

  • Ulcère du pied diabétique: des résultats encourageants avec les cellules souches

A human foot with diabetic illustration

La thérapie par cellules souches vient à la rescousse des déficiences biologiques. Les cellules souches peuvent être prélevées à différents endroits, comme la moelle osseuse et le tissu adipeux. Il n’existe pas d’arme unique permettant d’intervenir sur tous les facteurs à l’origine des plaies du pied diabétique. En ce sens, les cellules souches constituent un atout important dans le traitement des plaies du pied diabétique. Lorsqu’un patient diabétique vient se faire soigner une plaie, le taux de guérison du patient est d’environ 80 %. Avec la thérapie par cellules souches, on vise à élever ce taux encore plus haut

  • Paralysie cérébrale : les cellules souches, un remède plausible pour réparer le cerveau ?

Médecins et chercheurs explorent depuis plusieurs années les vertus thérapeutiques potentielles des cellules souches, qui ont la capacité de pouvoir se transformer en différentes sortes de cellules présentes dans le corps humain. L’idée initiale était d’utiliser ces cellules très particulières pour remplacer les cellules d’un patient, soient parce qu’elles avaient été détruites, soit parce que leur fonctionnement était imparfait.

Cette approche génère de nombreux espoirs pour soigner différentes maladies pour lesquelles il n’existe pas de thérapie efficace. On pourrait en particulier imaginer utiliser les cellules souches pour traiter un cerveau fonctionnellement défaillant, comme dans le cas de la paralysie cérébrale, première cause de handicap moteur de l’enfant.

Afin d’éviter des échecs à répétition qui pourraient mettre en péril le développement de ce type de thérapie, il semble indispensable d’adopter des approches bien construites. Elles doivent permettre d’identifier rapidement la stratégie optimale pour les patients atteints de paralysie cérébrale. Il est également important d’identifier des sous-groupes de patients avec paralysie cérébrale en fonction de l’origine du déficit, afin d’optimiser pour chaque sous-groupe la thérapie.

  • Parkinson: des cellules souches génétiquement modifiées pour produire la dopamine manquante dans le cerveau

Sensation de raideur accompagnée de tremblements fréquents, impression de perdre les contrôles de ses mouvements… Des milliers personnes présentent ces symptômes caractéristiques de la maladie de Parkinson. Cette pathologie neurodégénérative est de plus en plus  fréquente en Algérie. Elle se traduit par une dégénérescence progressive des neurones qui produisent la dopamine, un neurotransmetteur impliqué dans les fonctions motrices. À ce jour, il n’est pas possible d’en guérir.

Le traitement principal reste la prise orale d’un précurseur de dopamine (lévodopa), afin d’atténuer les symptômes moteurs. Néanmoins, en raison de son efficacité limitée et de possibles effets secondaires, d’autres approches expérimentales sont à l’étude. Parmi elles, la transplantation de cellules dans le cerveau de patients.

Comme les lésions touchent un type cellulaire unique bien défini, on peut envisager de remplacer les cellules perdues par de nouvelles cellules saines. Les scientifiques persistent à croire que l’introduction de jeunes cellules dans le cerveau peut améliorer le traitement de la maladie. Cependant, les quantités de tissus fœtaux dont on dispose sont insuffisantes pour traiter le grand nombre de patients parkinsoniens, et ce, au-delà des considérations éthiques que pose leur utilisation. En parallèle, ils étudient la possibilité d’utiliser les cellules souches comme autre source de cellules dopaminergiques pour les patients atteints de la maladie de Parkinson.

Pour le professeur, ces axes d’interventions démontrent la polyvalence des cellules souches dans le domaine médical, ouvrant la voie à des avancées significatives dans le traitement de nombreuses affections.

B.C.