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Lutte contre les maladies à transmission vectorielle : Journée régionale d’étude à Biskra.

Edité par : Chabane BOUARISSA | Journaliste
26 avril 2024

Ce 25 avril 2024, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le paludisme,  s’est tenue à ’Institut National Supérieur  de Formation Paramédicale de la Wilaya de Biskra, la 1ère journée régionale  d’étude et d’information autour des maladies à transmission vectorielle.

Initiée par l’Institut National de Santé Publique en collaboration avec la Direction de la Santé et de la Population de la wilaya de Biskra, la journée a été l’occasion pour les spécialistes et les représentants de 7 wilayas (Bikra, Naama, Médéa, El Maghaier, El Oued, Ouled Djellal, Batna et M’Sila) de diffuser largement les mesures de prévention contre ces maladies, les premiers signes cliniques à reconnaître, le parcours de soins et partager les connaissances scientifiques et médicales récentes.

‘’Les vecteurs sont des organismes tels que les moustiques, les tiques, les moucherons et les phlébotomes, qui peuvent transmettre des pathogènes aux animaux ou à l’homme. Ces pathogènes peuvent constituer une menace pour votre santé et celle de votre famille, que ce soit chez vous ou en voyage. ‘’ C’est le message de cette Journée d’étude et d’information qui met en lumière les mesures que nous pouvons tous mettre en œuvre pour nous protéger des maladies graves qui peuvent être transmises par ces vecteurs.

La question des MTV se situe au croisement des champs de l’environnement et de la santé et, en cela, soulève des interrogations particulièrement stimulantes.

En effet, les maladies liées au mode de vie (MTV) représentent une préoccupation majeure à l’échelle mondiale et en Algérie, surtout dans le contexte des changements climatiques et des évolutions dans l’utilisation des terres. L’aménagement urbain joue un rôle crucial dans la santé publique, car il peut influencer les taux de maladies chroniques et atténuer les effets des MTV.

Les maladies à transmission vectorielle sont responsables de plus de 17% des maladies Infectieuses et provoquent plus d’un million de décès dans le monde chaque année, selon l’OMS.

En Algérie, selon le directeur général de l’INSP, Pr Abderrazak  Bouamra, la leishmaniose avec 48% des cas de MTV est en première ligne « presque la moitié des cas enregistrée en 2022 ». Même si l’incidence est en baisse, 5 wilayas sont touchées dont M’Sila en première place et Biskra en deuxième.

L’atelier, réunissant des participants de divers secteurs et disciplines, a favorisé la reconnaissance de perspectives variées nécessaires pour envisager l’avenir dans un contexte global.  

Il a également encouragé la coordination des efforts en vue d’établir des partenariats axés, comme l’a rappelé le Pr Bouamra,  sur l’identification des objectifs, la réduction de la mortalité, accompagnement des acteurs sur le terrain, informer, sensibiliser les acteurs et la population,  encourager toutes les initiatives, créer des référents, renforcer les systèmes existants, promouvoir la recherche et la prévention,…

Une maladie à transmission vectorielle est une maladie qui est causée par un germe pathogène (virus, parasite, bactérie) véhiculé et inoculé par un vecteur (moustique, phlébotome, tique, punaise…), ce vecteur s’étant lui-même infecté sur un hôte virémique.

  • Les maladies infectieuses sont causées par des microbes : Elles se transmettent à l’homme (et aux animaux) par voie aérienne, digestive, transcutanée, sanguine, sexuelle, et enfin par des vecteurs.
  • Un vecteur transmet indirectement une maladie infectieuse : Stricto sensu, ce peut être un objet inerte : stéthoscope, seringue. Nous limiterons la notion de vecteur aux êtres vivants. Ce sont des animaux, surtout des arthropodes : insectes ou arachnides, suceurs ou piqueurs, se nourrissant de sang (on parle de vecteur hématophage). À cette occasion, ils transmettent les microbes à leur victime, par leur salive ou régurgitation (moustique vecteur du paludisme), par leur défécation (réduve vectrice de la maladie de Chagas).
  • Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un million de décès par an dans le monde sont dus à des maladies infectieuses à transmission vectorielle, surtout dans les pays tropicaux du fait de la pullulation des insectes favorisée par la chaleur et l’humidité. Mais la totalité de la population mondiale (à l’exception des personnes séjournant près des pôles) est exposée à au moins l’une d’entre elle, y compris en Algérie.
  • Les agents infectieux sont aussi bien bactériens (maladie de Lyme, typhus…) que viraux (fièvre jaune, dengue, Zika…) ou parasitaires (paludisme,  leishmaniose, schistosomiase trypanosomiase humaine africaine ou maladie du sommeil, entre autres).
  • Les vecteurs sont très divers : parmi les insectes, on retrouve principalement les moustiques, mais aussi les phlébotomes (leishmaniose), les glossines (maladie du sommeil, maladie de Chagas…). Les arachnides transmettent la maladie de Lyme (tiques), la maladie de Chagas (punaises) et le typhus (poux).
  • Ces vecteurs peuvent transmettre plusieurs maladies à la fois :
    • les moustiques du genre Aedes sont à l’orgine de la dengue, du Chikungunya, du Zika ou de la fièvre du Nil occidental, sans oublier la fièvre jaune en zone tropicale ;
    • Ixodes ricinus, tique dure de nos forêts européennes, peut transmettre la maladie de Lyme et l’encéphalite à tique d’Europe centrale et de l’est

La prévention peut se concevoir à deux échelons :

  • Sur le plan collectif : Il s’agit essentiellement de lutter contre les gîtes larvaires et de désinsectiser. Dans les pays indemnes, les patients atteints d’une pathologie vectorielle exotique et rapatriés sont systématiquement placés sous moustiquaires, afin d’éviter la contamination d’un moustique autochtone, capable ensuite d’aller contaminer localement d’autres personnes.
  • Sur le plan individuel : Il s’agit d’utiliser lors des déplacements en zone d’endémie, la combinaison de :
    • mesures de lutte anti-vectorielle avec des répulsifs cutanés et pour vêtements (adaptés à l’âge pour ne pas être nocifs),
    • des moustiquaires de fenêtre, de lit et de tête et vêtements couvrants
    • vaccination contre la fièvre jaune, l’encéphalite à tiques, l’encéphalite japonaise (et depuis peu un vaccin contre la dengue utilisé en Amérique du sud), recommandée pour les voyages dans certains pays ;
    • une chimioprophylaxie, c’est-à-dire la prise de médicaments à titre préventif

Ces précautions individuelles nécessitent une consultation médicale préalable avant le départ, afin de les personnaliser en fonction de critères tels que l’âge, la destination et la nature du séjour (hôtel ou camping), ainsi que la saison, les antécédents médicaux, les traitements en cours, et toute éventualité de grossesse.

Appel à rester informer

Pour bien faire appliquer ces mesures préventives par les patients, il faut les leur expliquer. Au sein de l’équipe médicale, l’aide-soignant est un acteur privilégié en répondant aux interrogations des patients tant sur les causes de ces maladies, que sur les mesures mises en œuvre pour les prévenir. Se tenir informé est donc une nécessité et nous ne pouvons que lui recommander de mettre à jour régulièrement ses connaissances, par exemple grâce à la lecture de l’édition annuelle, gratuite, des recommandations sanitaires pour les voyageurs, votre magazine ‘’Ma Santé, Ma Vie’’.

C. B.