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«La vaccination anti HPV, moyen incontournable dans l’élimination du cancer du col de l’utérus»

Edité par : Ait Ali Ourida | Journaliste
13 octobre 2022
2e édition des Rencontres de la vaccination de l’Institut Pasteur d’Alger

L’Institut Pasteur d’Alger (IPA) a organisé, le 12 octobre 2022, sa deuxième édition des «Rencontres de la vaccination» avec la presse et débattre ainsi du thème «La vaccination anti HPV, moyen incontournable dans l’élimination du cancer du col de l’utérus».

Des experts nationaux et internationaux ont pris part à cette journée en présentant les données épidémiologiques les plus récentes dans le monde, et en Algérie en particulier, pour ce type de cancer, en expliquant au demeurant l’intérêt du dépistage et du diagnostic précoce des lésions précancéreuses, ainsi que l’utilité du vaccin contre ces virus oncogènes.

 

Des chiffres alarmants

Professeur Doudja Hammouda

Professeur Doudja Hammouda

 

Intervenant à cet effet, le professeur Doudja Hammouda, de l’Institut national de santé publique (INSP) fera savoir que, selon les chiffres de l’OMS, il est constaté une incidence  de 19 millions de nouveaux cas de cancers. Le cancer du col de l’utérus se situe en 6e position, après ceux du sein, de la prostate, du poumon, du colon et du rectum.

En Algérie, la conférencière donnera le chiffre de 1600 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus, dont la majorité se déclare après 55 ans aux stades 2 et 3. Ces chiffres démontrent, si besoin est, l’importance de la vaccination HPV.

Un cancer lié à l’infection virale HPV

Au demeurant, Mme Doudja Hammouda précisera que ce cancer ne se déclare qu’après 10 à 15 ans de contact avec le virus HPV, Humain Papilloma Virus. Ce long délai donne donc une marge, en principe, pour agir. L’intervenante a souligné que dans 80% des cas, les virus sont éliminés et, par conséquent, seuls 20% se développent et peuvent évoluer vers une dysplasie, lésion précancéreuse.

 

Le professeur Hassan Mahfouf, chef de service oncologie médicale à l’EPH de Rouiba répond aux questions de «Ma Santé ma vie» sur le cancer du col utérin

professeur Hassan Mahfouf

professeur Hassan Mahfouf

 

En marge des travaux de cette journée, le professeur Hassan Mahfouf a accordé une interview à «Ma santé ma vie» en indiquant d’emblée que la presse doit parler de la lutte anti-cancer toute l’année et non pas uniquement à l’occasion d’événements tels qu’Octobre rose. Ceci, par souci de prévention et pour éviter ainsi les cas qui arrivent à l’hôpital à des stades avancés voire métastatiques avec donc un mauvais pronostic.

En effet, il nous appartient, affirmera-t-il, tous ensemble d’en parler pour sensibiliser à l’intérêt de la prévention primaire. Une prévention basée sur l’adoption d’’une bonne hygiène de vie, une alimentation saine, la pratique d’une activité physique. Sans oublier d’abolir le tabagisme, véritable fléau social, engendrant plusieurs maladies. En deuxième lieu, il importe, ajoutera le professeur, de faire des dépistages et, enfin, des diagnostics précoces pour augmenter les chances de guérison.

1600 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus enregistrés en 2019

Le professeur Hassane Mahfouf affirmera que grâce au registre national des cancers, il nous est possible de donner des chiffres fiables concernant cette pathologie. Ainsi, il énoncera 43 000 nouveaux cas de cancer en 2019, toutes localisations confondues, dont 1600 du col de l’utérus. Une situation qu’on aurait pu éviter par une plus large vaccination contre le HPV et par un dépistage des lésions précancéreuses, et ce, afin d’endiguer la survenue d’un cancer à un stade tardif.

D’ailleurs, indiquera notre interlocuteur, l’une des mesures du Plan cancer 2015/2019 est l’inscription dans le calendrier vaccinal national contre le papillomavirus humain, sous contrôle du comité scientifique de la vaccination et selon les recommandations de l’OMS.

 

Le dépistage

J’insiste, dira le chef de service d’oncologie de l’EPH de Rouiba, pour un travail de dépistage, en l’occurrence, d’autant que des screeners ont été formés à cet effet au niveau de l’INSP.

L’expert précisera qu’un dépistage biannuel devrait se faire après le premier rapport sexuel, jusqu’à l’âge de 65 ans et selon l’avis du médecin traitant.

En tout état de cause, le professeur Mahfouf affirmera qu’à l’évidence, il est préférable de traiter une infection au HPV que de prendre en charge un cancer du col de l’utérus dont l’issue est incertaine, nonobstant la mutilation pour la femme après la chirurgie et les effets lourds de la chimiothérapie et la radiothérapie.

Docteur Fawzi Derrar, directeur général de l’Institut Pasteur d’Alger (IPA)

Docteur Fawzi Derrar

Docteur Fawzi Derrar

 

Toujours dans ce contexte, le Dr Fawzi Derrar nous a accordé une interview, à travers laquelle, il a rappelé que le Plan national cancer 2015/2019 a prévu la vaccination pour les filles ainsi qu’une stratégie de dépistage y afférente. D’autant, dira notre interlocuteur, les examens qui nous parviennent à l’institut sont des indicateurs que ce cancer est en augmentation.

Il faut donc, que les femmes puissent se présenter pour un dépistage, cela leur permettra par là même de connaître leur statut virologique.

Concernant la vaccination, le docteur Derrar fera savoir qu’elle est utile et c’est un complément du dépistage. Lors de nos prochaines réunions, on discutera justement de manière plus pointue, en l’occurrence.  Il est clair que d’après l’expérience de la présentation de l’OMS, les nouveaux vaccins anti HPV utilisés sont très efficaces et ont démontré leur impact sur la réduction des cancers de l’utérus.

A la question plus précisément relative à l’introduction de ces vaccins en Algérie, Dr Derrar fera savoir que le corps médical y est favorable, mais toujours est-il que la décision revient aux pouvoirs publics sur la base des données qui leur seront parvenues.

A.A.O

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