Entretien avec le Président du Conseil National de l’Ordre des Médecins, Dr M. Bekkat-Berkani
Dr Bekkat-Berkani Mohamed , Nous sommes honorés de pouvoir échanger avec vous sur des thèmes cruciaux tels que la dépénalisation de l’acte médical et les défis auxquels les médecins algériens sont confrontés. Votre expertise et votre engagement en faveur de la profession médicale apportent un éclairage précieux sur ces questions essentielles.
Nous tenons à vous exprimer nos sincères remerciements pour avoir accepté de nous accorder cette interview dans le cadre des 19èmes Journées Internationales de Déontologie, à Annaba. Ces journées représentent une occasion unique de discuter de la responsabilité médicale en Algérie, un sujet de grande importance pour la communauté médicale.
C’est avec un profond respect que nous abordons cette interview, convaincus que vos perspectives et vos propositions contribueront de manière significative à l’amélioration de notre système de santé et à la protection des praticiens.
Ma Santé Ma Vie : Quels sont les principaux défis auxquels les médecins algériens sont confrontés en matière de responsabilité médicale ?
Dr Bekkat-Berkani Mohamed: Les médecins algériens font face à plusieurs défis en matière de responsabilité médicale. Le manque de ressources et les conditions de travail difficiles augmentent la probabilité d’erreurs. Les attentes élevées des patients et la complexité des décisions médicales ajoutent une pression supplémentaire. Il est crucial de différencier entre une erreur médicale, qui peut survenir malgré les meilleures intentions, et une faute professionnelle, qui implique une négligence ou un manquement grave aux standards de soins. La reconnaissance de cette distinction est essentielle pour améliorer notre système de santé.
Comment voyez-vous l’évolution des politiques de dépénalisation de l’acte médical en Algérie ?
L’évolution des politiques de dépénalisation de l’acte médical en Algérie est complexe. Nous préconisons une approche équilibrée où les erreurs médicales non intentionnelles sont traitées par des mécanismes de réparation plutôt que par des sanctions pénales. La dépénalisation encouragerait une culture de transparence et d’apprentissage, essentielle pour améliorer la qualité des soins. Une telle approche permettrait aux médecins de se concentrer sur le soin aux patients sans craindre des répercussions judiciaires disproportionnées.
Quels sont les mécanismes actuellement en place pour protéger les médecins contre les poursuites judiciaires injustifiées ?
Plusieurs mécanismes sont en place pour protéger les médecins. Le Conseil de l’Ordre des Médecins joue un rôle crucial en offrant une assistance juridique et en veillant à ce que les droits des médecins soient respectés. Nous travaillons également en étroite collaboration avec les établissements de santé pour mettre en place des protocoles robustes de gestion des risques. Ces mesures visent à prévenir les erreurs et à protéger les praticiens contre des poursuites injustifiées.
Quel rôle joue le Conseil de l’Ordre des Médecins dans l’accompagnement et la défense des praticiens en cas d’erreurs médicales ?
Le Conseil de l’Ordre des Médecins est un pilier essentiel pour l’accompagnement et la défense des praticiens. Nous intervenons dans les cas d’erreurs médicales pour garantir que les procédures disciplinaires soient équitables et basées sur des faits vérifiables. Notre objectif est de protéger les médecins contre les poursuites judiciaires injustifiées tout en assurant la sécurité des patients. Nous offrons également une formation continue pour réduire les erreurs et améliorer la qualité des soins.
Quelles réformes proposez-vous pour améliorer la situation actuelle et assurer une pratique médicale plus sereine et sécurisée ?
Pour améliorer la situation actuelle, plusieurs réformes sont nécessaires. Nous proposons la mise en place de systèmes de compensation sans faute, similaires à ceux adoptés dans d’autres pays, permettant de traiter les erreurs médicales de manière juste et efficace. Il est également crucial de renforcer les programmes de formation continue pour les médecins, afin de maintenir un haut niveau de compétence et de minimiser les risques d’erreurs. Enfin, il est important de promouvoir une culture de transparence et d’apprentissage pour améliorer la qualité des soins et garantir la sécurité des patients.
Un dernier mot !
Les discussions lors des 19èmes Journées Internationales de Déontologie à Annaba mettront en lumière les défis et les opportunités liés à la responsabilité médicale en Algérie. La dépénalisation de l’acte médical apparaît comme une voie nécessaire pour garantir à la fois la sécurité des patients et la protection des professionnels de santé. En adoptant des réformes équilibrées, l’Algérie peut créer un environnement médical plus juste et plus sûr pour tous. Les efforts du Conseil de l’Ordre des Médecins sont indispensables pour accompagner et défendre les praticiens, tout en assurant la sécurité et la justice pour les patients.
Encore une fois, merci pour votre disponibilité et votre précieuse collaboration.
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