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Nycturie : Pourquoi urine-t-on autant la nuit et quand faut-il s’inquiéter ? 

Edité par : Dr. Souad BRAHIMI | Docteur en médecine
20 juin 2025

Se lever plusieurs fois par nuit pour uriner peut sembler anodin, mais ce phénomène, appelé nycturie, peut être le signe d’un trouble caché. Parfois lié à des habitudes alimentaires ou à une consommation excessive de liquides en soirée, il peut aussi révéler des pathologies plus sérieuses nécessitant une prise en charge médicale. Ce symptôme fréquent, en particulier chez les personnes âgées, justifie une attention particulière pour éviter des complications telles que la fatigue, les troubles du sommeil ou les chutes nocturnes. 

La nycturie désigne le fait de se réveiller une ou plusieurs fois par nuit pour uriner, chaque miction étant suivie d’un retour au sommeil. Aucun consensus ne fixe précisément le nombre de réveils nocturnes anormaux, mais au-delà de deux mictions par nuit, il est recommandé d’en parler à un médecin. 

Ce trouble touche les hommes comme les femmes, mais il est plus fréquent chez :

  •  Les hommes âgés, notamment en raison d’un problème de prostate (mais la nycturie ne doit pas être systématiquement associée à un prostatisme).
  •  Les femmes âgées, en raison de l’affaiblissement du plancher pelvien après l’accouchement et de la baisse des œstrogènes après la ménopause. 

Si la nycturie est souvent bénigne, elle peut perturber le sommeil et augmenter les risques de chutes nocturnes, notamment chez les personnes âgées. Le manque de sommeil chronique peut aussi entraîner une fatigue persistante et affecter la qualité de vie. 

1. Une alimentation inadaptée

  • Excès de liquides le soir : la consommation excessive de thé, café, tisane, soupe ou eau avant le coucher favorise la nycturie.
  • Trop de sel : une étude japonaise a montré qu’un régime riche en sel augmente la rétention d’eau et peut être associé à une nycturie. 

2. Un trouble de la production d’urine 

  • La polyurie nocturne : certaines personnes produisent plus de 33 % de leur urine quotidienne la nuit, souvent en raison d’un trouble sous-jacent (insuffisance cardiaque, diabète, maladies rénales…).
  • L’apnée du sommeil : les pauses respiratoires nocturnes provoquent des réactions hormonales qui stimulent la production d’urine. 

3. Une vessie hyperactive ou fatiguée 

  • Certaines pathologies (infection urinaire, inflammation, obstruction de la vessie) peuvent provoquer une hypersensibilité vésicale, déclenchant des envies fréquentes d’uriner.
  • Un mauvais sommeil peut aussi être en cause : certaines personnes se réveillent la nuit sans raison précise et en profitent pour uriner. 

Bien que la nycturie soit plus fréquente chez les personnes âgées, elle peut toucher tous les âges. Ses origines sont variées, et un bilan médical est essentiel pour identifier la cause précise. 

Avec l’âge, la production de l’hormone antidiurétique (ADH), qui limite la production d’urine pendant la nuit, diminue. Cette baisse entraîne des mictions nocturnes plus fréquentes. 

Plusieurs affections peuvent provoquer ou aggraver la nycturie : 

  • Traitements diurétiques : Certains médicaments favorisent l’élimination de l’eau et augmentent la fréquence des mictions.
  • Infections urinaires et irritants : Une cystite ou la consommation de substances irritantes (café, thé, alcool, tabac) peuvent stimuler la vessie.
  • Vessie hyperactive : Une contraction excessive de la vessie entraîne un besoin fréquent d’uriner.
  • Diabète : Une glycémie mal contrôlée peut provoquer une polyurie (augmentation du volume urinaire), notamment la nuit. 
  • Insuffisance rénale : Une mauvaise filtration des reins peut dérégler le cycle de production d’urine.
  • Hypertrophie bénigne de la prostate (chez l’homme) : L’augmentation du volume de la prostate peut comprimer l’urètre, rendant la miction plus difficile et plus fréquente. 

Se lever plusieurs fois par nuit pour uriner perturbe le sommeil et a des conséquences sur la santé physique et mentale : 

  • Fatigue chronique : Un sommeil interrompu entraîne une asthénie importante en journée.
  • Dérèglements métaboliques : La perturbation du sommeil impacte la sécrétion des hormones de satiété, favorisant la prise de poids.
  • Baisse de concentration et de performance : La fatigue réduit l’efficacité au travail et augmente le risque d’accidents.
  • Troubles de l’humeur : Un sommeil insuffisant favorise l’anxiété et la dépression.
  • Augmentation des risques de maladies : Un sommeil altéré peut aggraver des pathologies comme le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et l’affaiblissement du système immunitaire. 

La nycturie est l’un des principaux troubles du sommeil chez les personnes âgées. Elle concerne 33 % des patients de 55 à 75 ans consultant en urologie, et plus de 80 % des hommes souffrant d’hypertrophie bénigne de la prostate. Un suivi médical est donc essentiel pour en limiter l’impact et améliorer la qualité de vie.

Étant donné la diversité des causes possibles, un bilan médical est souvent nécessaire. Il repose sur : 

  • Un questionnaire évaluant la fréquence et les circonstances des mictions nocturnes.
  • Un calendrier mictionnel, où le patient note ses horaires et volumes urinés.
  •  Des examens médicaux : analyse d’urine (ECBU), mesure de la tension, prise de sang, polysomnographie (si un syndrome d’apnée du sommeil est suspecté).

Modifier son mode de vie et, si nécessaire, suivre un traitement adapté peuvent considérablement atténuer la nycturie. Voici cinq recommandations essentielles pour limiter les levers nocturnes et améliorer la qualité du sommeil. 

– Adapter ses habitudes de vie 

  • Limiter les liquides en fin de journée : Il est essentiel de boire suffisamment tout au long de la journée (1,5 à 2 litres d’eau en fonction des besoins individuels) afin d’assurer une bonne hydratation. Cependant, en soirée, il est préférable de réduire la consommation de liquides pour limiter la production d’urine durant la nuit.

Certaines boissons sont particulièrement déconseillées avant le coucher :

–  Les boissons excitantes (café, thé, sodas) qui stimulent la vessie et augmentent la production d’urine.

–  L’alcool, qui a un effet diurétique et déshydratant. 

Les tisanes diurétiques (queue de cerise, pissenlit, ortie), qui favorisent l’élimination rénale. 

– Dîner léger et à horaires réguliers 

Un repas trop tardif ou trop copieux peut stimuler la production d’urine et perturber le sommeil. Pour limiter ce phénomène, il est conseillé de : 

  • Prendre son dîner au moins 2 à 3 heures avant le coucher.
  • Éviter les aliments à effet diurétique comme les agrumes, tomates, artichauts, chocolat et les plats trop épicés ou acides. 
  • Réduire le sel et les protéines le soir : L’excès de sel favorise la rétention d’eau dans l’organisme, ce qui peut entraîner une augmentation de la production d’urine pendant la nuit. 

Un régime pauvre en sel permet donc de mieux réguler les fonctions rénales et de réduire les réveils nocturnes. L’OMS recommande une consommation quotidienne inférieure à 5 grammes de sel (soit moins d’une cuillère à café).   

Un dîner équilibré, pauvre en sel et en aliments irritants, favorise une digestion plus sereine et limite l’hyperactivité de la vessie pendant la nuit. 

Faire du sport contribue à un meilleur contrôle de la vessie et améliore la qualité du sommeil. Une étude menée par l’université Loyola de Chicago a démontré que les hommes pratiquant une activité physique régulière avaient 13 % de risques en moins de souffrir de nycturie par rapport aux personnes sédentaires. 

Il n’est pas nécessaire d’être un athlète de haut niveau : 1 à 2 heures d’exercice par semaine suffisent à réduire la fréquence des réveils nocturnes. La marche, la natation ou le yoga sont particulièrement bénéfiques pour la santé globale et le contrôle urinaire. 

– Traiter une éventuelle cause secondaire

  • Un syndrome d’apnée du sommeil doit être identifié et traité avec une ventilation en pression positive continue.
  • Une hypertension ou un diabète mal contrôlés peuvent être des facteurs aggravants.

– Vérifier les effets secondaires des médicaments 

Certains traitements, notamment ceux prescrits contre l’hypertension, l’insuffisance cardiaque ou l’obésité, ont un effet diurétique et peuvent accroître la fréquence des mictions nocturnes. 

Si vous constatez une aggravation de la nycturie après l’initiation d’un traitement, parlez-en à votre médecin. Il pourra ajuster l’horaire de prise des médicaments ou proposer une alternative mieux adaptée

– D’autres solutions existent pour traiter la nycturie en fonction de son origine :

  • Médicamenteuses, pour réguler la production d’urine ou apaiser la vessie.
  • Mécaniques, avec des séances de rééducation périnéale pour renforcer le contrôle urinaire.
  • Comportementales, en apprenant à mieux gérer ses envies d’uriner. 
  • Chirurgicales, en dernier recours pour les cas les plus sévères (notamment en cas d’hypertrophie bénigne de la prostate).
  • Élever les jambes en fin de journée pour éviter la rétention d’eau. 
  • Utiliser des bas de contention si nécessaire. 

Si les ajustements alimentaires et comportementaux ne suffisent pas, un traitement médicamenteux peut être envisagé :

  • Des myorelaxants vésicaux pour réduire les spasmes.
  • La desmopressine, qui diminue la production d’urine la nuit.
  • Des ajustements diurétiques, avec un médecin, pour éviter une diurèse excessive nocturne. 

Ne négligez pas la nycturie ! Les réveils nocturnes fréquents ne sont pas anodins : ils perturbent le sommeil et peuvent avoir des répercussions sur la santé. Si ce problème devient récurrent, il est recommandé de consulter un médecin afin d’en identifier la cause et d’adopter une prise en charge adaptée.

La nycturie signifie simplement “miction nocturne”, sans préjuger de sa fréquence. En revanche, la pollakiurie désigne une fréquence excessive des mictions, de jour comme de nuit. Cette distinction est essentielle pour poser un diagnostic précis et adapter le traitement. 

La nycturie peut être liée à des habitudes de vie modifiables (alimentation, hydratation) ou à des pathologies sous-jacentes (troubles urinaires, apnée du sommeil, maladies métaboliques).

Si elle devient gênante ou persistante, une consultation médicale est recommandée pour identifier la cause et proposer un traitement adapté.

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