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Toxicomanie ou dépendance : un véritable fléau social

Edité par : Ferrah Menad | Journaliste
17 décembre 2022

Toxicomanie, dépendance ou encore plus récemment ‘‘conduites additives’’ sont différents concepts utilisés au fil des années pour désigner des pratiques de consommation de substances psycho-actives licites ou illicites et/ou des jeux vidéo, internet, jeux… Un véritable fléau social à travers le monde.

Au-delà du profil caricatural attribué au toxicomane marginal, les personnes concernées ont des profils de personnalité, sociale et professionnelle, divers : l’adolescent initié par les copains, les soirées festives d’étudiants, l’alcool mondain dans les hautes sphères professionnelles… La drogue est utilisée comme un raccourci chimique vers le plaisir, l’apaisement ou l’extase.

 

Facteurs favorisants…et risque d’addiction

La dépendance à un produit est vue comme une recherche compulsive du produit et la présence de symptômes de sevrage lors de l’arrêt brutal de ce produit. Plusieurs facteurs prédisposent l’individu à cette dépendance :

  • des facteurs individuels génétiques, comme l’alcoolisme trans-générationnel (grand-père, père, fils)
  • et des facteurs socioculturels, environnementaux et familiaux (carences éducatives, absence d’un parent, familles éclatées, mauvaises fréquentations, séparations, traumatismes psychiques liés aux guerres et violences de toute nature, difficultés professionnelles : burn-out…).

La dépendance peut survenir à tout moment de l’existence, mais la période 15-25 ans est la plus propice. Le comportement à risque des adolescents facilite les premières expériences pendant cette période. Jusqu’à 20-25 ans, le cerveau est encore en maturation et paraît plus vulnérable aux effets toxiques.

L’usage précoce de drogues expose à un risque accru d’apparition d’une addiction par la suite. Dans l’ensemble, les hommes sont plus souvent concernés par les addictions que les femmes.

 

Quelle substance pour quelle addiction ?

Certaines substances semblent avoir un pouvoir additif supérieur à d’autres, compte tenu de la proportion de personnes dépendantes parmi les consommateurs. Le produit le plus additif serait le tabac (32% des consommateurs sont dépendants), suivi de l’héroïne (23%), la cocaïne (17%) et l’alcool (15%).

La vitesse d’installation de la dépendance varie également en fonction des substances. Les dépendances au tabac, à l’héroïne et à la cocaïne peuvent se développer en quelques semaines, alors que celle à l’alcool est beaucoup plus lente.

 

Les critères de diagnostics de l’addiction

Le diagnostic de l’addiction (ou dépendance) repose sur des critères bien définis, fixés par des instances internationales de santé mentale.

Un sujet est considéré comme souffrant d’une addiction quand il présente ou a présenté, au cours des 12 derniers mois, au moins deux des onze critères suivants :

  • Besoin impérieux et irrépressible de consommer la substance ou de jouer.
  • Perte de contrôle sur la quantité et le temps dédié à la prise de substance ou au jeu.
  • Beaucoup de temps consacré à la recherche de substances ou au jeu.
  • Augmentation de la tolérance au produit addictif.
  • Présence d’un syndrome de sevrage, c’est-à-dire de l’ensemble des symptômes provoqués par l’arrêt brutal de la consommation ou du jeu.
  • Incapacité de remplir des obligations importantes.
  • Usage même lorsqu’il y a un risque physique.
  • Problèmes personnels ou sociaux.
  • Désir ou efforts persistants pour diminuer les doses ou l’activité.
  • Activités réduites au profit de la consommation ou du jeu.
  • Poursuite de la consommation malgré les dégâts physiques ou psychologiques.

L’addiction est qualifiée de faible si 2 à 3 critères sont satisfaits, modérée pour 4 à 5 critères et sévère pour 6 critères et plus.

 

Impacts et conséquences…

Les conduites addictives exposent le consommateur non seulement à des problèmes de santé et de sécurité, individuelle et collective : sécurité routière, accidents de travail, violences… mais aussi à des conséquences pénales, parfois lourdes.

En effet, pas de statistiques exactes en Algérie. Mais le rapport de santé en France évoque chaque année 73 000 décès liés au tabac et 41 000 à l’alcool. Un enfant sur 1000 nait avec un syndrome d’alcoolisme fœtal lié à la consommation d’alcool pendant la grossesse. L’alcool est présent dans 30% des condamnations pour violences, 40% des violences familiales et 30% des viols et agressions.

Dans le même rapport, il a été précisé qu’un taux d’alcoolémie supérieur à 0.5 g est présent dans près de 30% des accidents mortels de la route. 1/4 des accidents de la route sont liés à la consommation de stupéfiants.

La conduite sous influence multiplie le risque d’accident mortel par 8,5.

Les conséquences de ces conduites peuvent être délétères. Celles-ci peuvent être directement liées à l’usage excessif de la substance (overdose, coma éthylique) ou provoquée par les effets secondaires à long terme tellesque :

  • nombreux cancers associés à la consommation d’alcool et de tabac.
  • troubles neurologiques et psychiatriques des consommateurs réguliers de drogue.
  • contamination par le VIH…
  • sans oublier les souffrances de l’entourage, les séparations et les violences interpersonnelles.

 

Des centres de sevrage et des traitements adaptés

Il existe des centres et des services dédiés à la prise en charge d’une addiction. Elle est multidisciplinaire : elle associe un traitement adapté en fonction de l’addiction et des pathologies associés et un accompagnement psychologique et social.

La prise en charge est souvent très longue, semée de rechutes.

Des chercheurs continuent à exploiter plusieurs pistes pour comprendre et traiter la dépendance, notamment la piste des neurosciences et celle de génétique.

 

Sensibiliser pour prévenir

Le meilleur traitement reste la prévention chez les plus jeunes avant l’entrée au collège. La prévention implique plusieurs corps de métier (spécialistes, gendarmes, policiers, travailleurs sociaux, éducateurs, juristes). Elle passe par la sensibilisation et l’information des jeunes et des familles sur les conséquences des conduites addictives sur la santé, la scolarité et l’avenir du jeune.

La prévention doit faire partie des programmes d’enseignement primaire, moyen et secondaire et s’imposer dans tous les milieux et clubs sportifs et associatifs.

Exploiter l’outil informatique pour rendre l’information accessible à tous : réseaux sociaux, forums et pourquoi pas une prise en charge de soins en téléconsultation.

F.Y.

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